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Vertueuse mais onéreuse, la deuxième génération de voitures hybrides arrive en Suisse

Après des premières tentatives discrètes, Toyota et Honda lancent de nouveaux véhicules qui combinent deux sources d'énergie pour moins consommer et moins polluer. Sauront-elles trouver un public? Pour l'heure, présentation des concurrentes

Le Salon automobile de Detroit, qui bat son plein cette semaine dans le fief américain de la soupape et du culbuteur, vient d'élire «Voiture de l'année 2004» un modèle surprise: la Toyota Prius. Connaissant la rivalité américano-nippone sur le gigantesque marché national (16,5 millions de véhicules vendus en 2003), l'élection de la Prius a dû être ressentie sur place comme une provocation. Surtout qu'il s'agit d'une petite voiture écologique, gibier plutôt rare parmi les mastodontes locaux.

Reste que la Toyota Prius, qui sera commercialisée le mois prochain en Suisse, est une vraie innovation. Il s'agit de la deuxième génération de Prius, la première, apparue en 1997, s'étant depuis lors vendue à 115 000 exemplaires dans le monde, dont seulement 470 en Suisse. Cette Toyota est du type «hybride», terme malheureux qui signifie que la voiture combine deux sources d'énergie pour se mouvoir.

En l'occurrence, un moteur à essence de 1,5 litre de cylindrée et de 77 ch est associé à un moteur électrique de 68 ch. Lors d'un démarrage en douceur, seule la propulsion électrique est mise à contribution. Le déplacement de la voiture est alors silencieux et d'une grande innocuité pour l'air ambiant. Lors d'une accélération plus franche, les moteurs s'entraident l'un l'autre, insufflant couple et nervosité à l'auto. A vitesse stable, par exemple sur autoroute, seul le quatre-cylindres à essence travaille. A un feu rouge, les moteurs s'arrêtent avant de se remettre en marche à la moindre sollicitation de l'accélérateur. Sur le tableau de bord, un interrupteur permet de ne solliciter que le moteur électrique, lequel, selon la charge des batteries NiMH logées dans les sièges arrière, peut dès lors faire parcourir à la voiture quelques centaines de mètres. Ce même moteur électrique fonctionne aussi comme un générateur: la voiture hybride n'a donc pas besoin d'être rechargée. Un ordinateur se charge de réguler au mieux les flux et stockages d'énergies.

La Toyota Prius présente un excellent bilan environnemental. Elle affiche 104 g de Co2 émis aux 100 km, soit un niveau de pollution inférieur de 40% aux normes Euro 4 qui entreront en vigueur l'an prochain. Le constructeur japonais affirme que sa solution technique permet de réaliser un gain annuel d'une tonne de Co2 si on compare la Prius aux voitures diesel de taille similaire. Si Toyota donne une consommation moyenne de 4,3 litres d'essence aux 100, un essai de 200 km effectué le mois dernier sur tous types de routes a rehaussé la barre à 5,5 litres. Une bonne performance, quoique partagée par de petites voitures diesel.

Si la marque japonaise a décidé de construire de A à Z une nouvelle voiture autour de la technologie hybride, son concurrent Honda a pris le parti de modifier l'un de ses modèles pour le doter, lui aussi, d'une double source d'énergie. Commercialisée ces jours dans le monde entier, y compris en Suisse, la Civic IMA («Integrated Motor Assist») adjoint un petit moteur électrique à un propulseur thermique de 1,3 litre, similaire à celui qui équipe la petite Honda Jazz. Contrairement à la Prius, le moteur électrique a ici la fonction de soutenir son compère à essence, non de fonctionner en solo à la demande ou lorsque la vitesse est faible. L'équipage énergétique de la Civic IMA est conçu pour doper les accélérations de la voiture, lui donnant les performances d'un modèle 1,6 litre, mais une consommation inférieure de 30% à celle d'une Civic 1,4 litre conventionnelle. Là encore, la consommation revendiquée par le constructeur, une moyenne de 4,9 litres aux 100, ne se vérifie pas à l'usage, celui-ci pointant un niveau de 5,5 litres, similaire à celui de la Prius. Les émissions de Co2 de la Honda sont de 116 g/km.

Les deux voitures hybrides japonaises, qui déboulent en même temps sur le marché suisse, ne partagent pas le même caractère et la même ambition. Dotée d'un hayon, redoutablement aérodynamique, la Toyota quatre portes affiche une silhouette contemporaine, ainsi qu'un équipement high-tech, à l'exemple de la technologie «by wire» («par câble») qui supprime les liaisons hydrauliques ou mécaniques pour activer de manière électronique les gaz, les freins ou encore la boîte de vitesses automatique. Son comportement routier est vif, bien que le surcroît de poids à l'avant, dû au tandem de moteurs, se fasse légèrement sentir.

Tout aussi silencieuse, et équilibrée sur la route que la Toyota, la Honda Civic 4 portes est hélas dotée d'un coffre. Prisée dans beaucoup de pays, dont les Etats-Unis ou l'Espagne, mais pas du tout en Suisse, cette architecture automobile à trois volumes affadit la ligne de la voiture. Moins sophistiquée et séductrice que la Prius, la Honda est aussi moins onéreuse: 31 000 francs contre 37 900 francs pour sa concurrente. Il s'agit tout de même de sommes confortables pour de telles petites voitures, bien qu'il faille tenir compte des économies d'essence qu'elles autorisent à terme. Toute la question est de savoir si leurs vertus environnementales feront le poids face, par exemple, aux récentes motorisations diesel, certes plus polluantes, mais aussi économes.