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La vidéo reste une «prothèse» pour la surveillance

La Suisse possède bien moins de caméras par habitant que l'Angleterre.

La vidéosurveillance appliquée à l'espace public n'est pas encore au cœur du débat en Suisse. Tel est du moins l'avis de Francisco Klauser, géographe à l'Université de Fribourg, qui s'est penché sur la question. La vidéosurveillance consiste en Suisse à placer une caméra dans les zones dites «à risques» et à enregistrer les images en continu, dans le but d'assurer la sécurité des personnes présentes. Beaucoup fonctionnent en plan fixe, comme celles disposées aux abords des autoroutes ou sur les trottoirs de la prostitution – comme à Olten. Mais d'autres permettent aussi de zoomer, ou même d'identifier des personnes. Cette pratique tend, selon certains, à privatiser les espaces publics. On estime qu'il existe en Suisse 40 000 caméras de surveillance dans de tels lieux. Cela représente environ une caméra pour 180 habitants. A titre comparatif, en Grande-Bretagne le rapport est de une pour quatorze habitants, selon les estimations effectuées par Francisco Klauser, sur la base du chiffre d'affaires des entreprises spécialisées dans le domaine.

Comment la surveillance des espaces publics par vidéo est-elle perçue par les gens? «D'abord, comme une atteinte à la sphère privée, explique le chercheur. Puis, dès que le but des caméras a été compris et intégré, le sentiment évolue: elles sont tolérées.» Mais la présence de caméras sera d'autant mieux acceptée qu'elle est signalée par un panneau.

Le but de la vidéosurveillance est de dissuader. «A ce titre, l'on observe une diminution de la criminalité aux endroits ciblés, une fois les caméras posées», indique le géographe. Cependant, des études menées en Angleterre ont montré que l'effet dissuasif n'est pas assuré sur le long terme, la présence des caméras étant vite «oubliée».

Les technologies d'aujourd'hui, en pleine expansion, permettent parfois jusqu'à la reconnaissance faciale, voire rétinienne. Mais, comme le rappelle Valérie November, géographe à l'Université de Genève, «derrière les écrans, il faut des gens» pour visionner la bande, signaler s'il y a un problème, un comportement dit anormal par exemple, et agir. Les caméras restent donc des «prothèses» pour les agents de sécurité. Enfin, que dit la loi sur la protection des données? Selon le préposé fédéral, les bandes vidéo doivent être détruites après vingt-quatre heures si aucun problème nécessitant leur utilisation n'a été signalé.