En France, la plus chouchou de ces marchandes d'allumettes s'appelle Alizée. C'est son vrai nom – mais Alizée n'est-elle pas la fille d'une génération qui prénomme ses enfants comme une voiture (Mégane), une île (Mahé) ou un phénomène atmosphérique (Aurore)? Née à Ajaccio il y a 19 ans, Alizée a été repérée par l'émission Graines de star. Ensuite, des producteurs l'ont invitée à Paris. Ils ont testé ses talents, son courage. Ce n'est qu'après avoir été retenue pour de bon qu'Alizée a appris qui était son Pygmalion: la chanteuse Mylène Farmer, la star la plus intéressante du show-biz hexagonal.
Mêmes mélodies, même phrasé, mêmes jeux de l'amour et du falzar. Alizée chante ce que Mylène, aujourd'hui, est trop vieille pour murmurer. D'ailleurs, Mylène Farmer interviewe beaucoup sa protégée, sonde son cœur, ses petites colères, ses désirs diffus. Voilà pourquoi la banalité des rengaines d'Alizée sonne si juste…
4,5 millions de disques. Une première tournée qui passera par Genève le 11 novembre. Une récente love story avec Jeremy, de Star Ac'2, qui semble trop belle pour ne pas être arrangée. Alizée est une des rares stars à séduire toute l'Europe en français. «Lolita», son premier tube, était un chef-d'œuvre de polysémie croustillante. Le clip la montrait entourée de mauvais garçons, et accompagnée de sa petite sœur (course à la Migros ou trafic de chair fraîche?). Avant Alizée et ses rivales, une autre avait joué sur ce registre ambigu: France Gall, avec ses sucettes à l'anis. Sauf que France Gall n'avait pas l'air de comprendre de quoi elle parlait. Alors que le plus troublant, avec Alizée, c'est qu'il est clair qu'elle a tout pigé, qu'elle joue. Sic transit gloria mundi. Et avec elle, l'innocence du village des people.