Les 5 questions de cette semaine sportive

Zlatan Ibrahimovic va-t-il courir à Madrid?

Dans sa tête, Zlatan Ibrahimovic est l'un des meilleurs footballeurs de la planète. L'égal de Messi et Cristiano Ronaldo, pas moins. Dans les faits, le Suédois jouait à l'Inter quand l'AC Milan en 2007 puis le Barça en 2009 remportèrent la Ligue des Champions, au Barça en 2010 quand l'Inter gagna le trophée suprême et à l'AC Milan l'année suivante quand le Barça récupéra sa couronne. S'il a conquis dix titres nationaux en douze saisons (sans compter ceux retirés à la Juve) avec cinq équipes différentes dans quatre pays, Zlatan n'est jamais là où il faut être au top niveau européen.

Avec l'âge (34 ans, comme Federer), l'ombrageux Suédois entretient sa réputation de joueur fort avec les faibles mais faible avec les  forts. Au contraire de Javier Pastore, souvent quelconque en Ligue 1 mais toujours très bon en Ligue des Champions, la tête de gondole du PSG jouera une partie de son crédit - et donc de son avenir à Paris - mardi à Bernabeu contre le Real Madrid. Où il lui sera demandé de moins dézoner et de courir davantage. Jusqu'ici, son plus grand apport européen sous le maillot parisien reste... son expulsion en mars dernier à Chelsea. A dix contre onze, le PSG s'était qualifié.

Qui a gagné le Masters féminin?

On a plus parlé ce week-end de la finale Federer-Nadal à Bâle (le premier affrontement entre ces deux légendes du tennis depuis 22 mois) que du véritable évènement tennistique de la semaine: le Masters féminin de Singapour. Les Suisses avaient une bonne excuse - les absences de Timea Bacsinszky et de Belinda Bencic - mais les autres pays n'en ont pas fait davantage de cas. Passion partisane mise à part, le tennis féminin peine à séduire les médias et le public. Cela n'a pas toujours été le cas (Evert, Navratilova, Graf, Hingis) mais le plateau manque de personnalités, voire de sororité. Il n'y a pas beaucoup d'échanges entre toutes ces filles qui, pour reprendre la formule de notre chroniqueur Nathanaël Rochat, s'affrontent pour savoir quelle blonde de l'Est perdra en finale contre Serena Williams.

En l'absence de l'Américaine (blessée, fatiguée, enceinte; rayez la mention inutile), Agnieszka Radwanska a remporté pour la première fois de sa carrière le Masters grâce à sa victoire contre Petra Kvitova, dimanche (6-2 4-6 6-3). La Polonaise, qui n'avait battu aucune joueuse du Top 5 cette saison, en a battu trois de suite pour signer le plus grand succès de sa carrière. «C'est le plus beau jour de ma vie, lança-t-elle après sa victoire. Il y a quelques semaines, je ne savais pas que je serais ici.» Nous non plus.

Et si le choc psychologique existait vraiment?

Lucien Favre est vraiment un boss. Il se trompe rarement, et lorsque c'est le cas, c'est l'article 2 qui s'applique: «Même quand il a tort, le patron a toujours raison». Qu'a dit Lulu au moment de rendre son sac au Borussia Moenchengladbach? «J'ai le sentiment de ne plus être l'entraîneur qu'il faut pour le Borussia.» Sa démission avait provoqué des commentaires outrés en Allemagne, où les experts l'accusaient d'avoir égoïstement lâché le club et amplifié le problème. Eh bien non. Favre avait raison.

Sans lui, Moenchengladbach est transfiguré. L'équipe qui avait perdu ses cinq premiers matchs de la saison a remporté les six suivants! Vainqueurs 4-1 à Berlin, les «Poulains» galopent. Sous la baguette de (André) Schubert, la carpe est devenu lapin et rattrape son retard: Gladbach est cinquième au classement, à seulement trois points du podium.

Y a-t-il un pilote dans l'avion du hockey suisse?

L'équipe de Suisse de hockey sur glace dispute cette semaine la Deutschland Cup. Le tournoi se déroulera pour la première fois au Curt Frenzel Stadion à Augsbourg. La Suisse affrontera l’Allemagne vendredi, les Etats-Unis samedi et la Slovaquie dimanche. Tout cela a l'air bien organisé. Ce qui l'est moins, c'est l'équipe de Suisse, qui sera dirigée par deux intérimaires, John Fust et Thierry Paterlini, anciens coachs-assistants du sélectionneur Glen Hanlon et entraîneurs des M20 (Fust) et des M18 (Paterlini). Pour ceux qui n'auraient pas compris comment l'autoproclamé «meilleur championnat d'Europe» peut se retrouver sans sélectionneur à la tête de son équipe nationale, rappelons les épisodes précédents: la fédération suisse de hockey sur glace a jugé le 9 octobre dernier que Glen Hanlon n'était plus l'homme de la situation. Elle a jeté son dévolu sur Kevin Schläpfer, sans en avertir son employeur, le HC Bienne, qui a bloqué les négociations.

Comme Arno Del Curto (Davos) n'est pas libre et que Slava Bykov (double champion du monde avec la Russie) n'est pas assez bien, la fédération a nommé un coach intérimaire, Félix Hollenstein. Mais le Zurichois est pris par des «problèmes familiaux et personnels» et a renoncé. En catastrophe, Fust et Paterlini ont été invités à jouer les pompiers-plombiers de service. Ce qui s'appelle déshabiller Peter pour habiller Hans: les M20 devront se rendre sans leur coach au tournoi de Poprad, où ils prépareront pas moins que les Championnats du monde prévus fin décembre à Helsinki.

Pourquoi le rugby français devrait-il se remettre en question?

Ouf, la Coupe du Monde de rugby est terminée. Le championnat de France de rugby peut reprendre sinon ses droits du moins ses aises. Le Top 14, qui récupère 10 joueurs alignés samedi sur la pelouse de Twickenham pour ce sommet du jeu offensif, redevient donc pour au moins trois ans et demi la priorité des dirigeants du rugby français.

Dans quelques mois, les cadors de l'Hexagone seront à nouveau deux ou trois en demi-finale de la Coupe d'Europe et tout le monde pourra à nouveau se taper sur le ventre de satisfaction. Bien sûr, le nouveau sélectionneur Guy Novès était dimanche à Stade 2 pour appeler de ses voeux les états généraux du rugby et l'union sacrée de la Ligue et de la Fédération autour de l'équipe nationale. Mais que peut-on espérer raisonnablement d'un pays qui fixe un match-phare du championnat (Clermont-Castres) en même temps que la finale de Coupe du Monde?