Publicité

Un alpiniste français de renom condamné après avoir enlevé des pieux sur le Mont-Blanc

Le célèbre alpiniste Christophe Profit considérait les quatre pieux métalliques de sécurité posés en bordure de crevasse comme des «indications trompeuses» défigurant la montagne. Il a été condamné pour vol après les avoir enlevés

Le Mont-Blanc à Chamonix, en août 2012. — © ALESSANDRO DELLA BELLA / KEYSTONE
Le Mont-Blanc à Chamonix, en août 2012. — © ALESSANDRO DELLA BELLA / KEYSTONE

L’alpiniste français de renom et guide de haute montagne Christophe Profit a été condamné lundi en France à 600 euros d’amende pour vol après avoir enlevé des pieux sur une voie du Mont-Blanc dans un acte militant. L’alpiniste de 62 ans, connu pour avoir ouvert plusieurs voies glacières au-dessus de 3850 mètres dans les années 1980, avait ôté en juin et juillet derniers quatre pieux d’amarrage, deux sur le territoire français et deux autres en Italie, sur la voie normale du Mont-Blanc.

Les deux pieux côté français, propriété de la commune de Saint-Gervais, avaient été installés par des guides locaux en accord avec les autorités pour sécuriser l’une des deux voies contournant une crevasse récemment formée sur l’arête des Bosses. Après les avoir enlevés, Christophe Profit avait envoyé un mail au maire de Saint-Gervais Jean-Marc Peillex, médiatisé son acte et rendu l’un des pieux à l’édile lors d’une fête des guides, avec une pointe de provocation. Le tribunal correctionnel de Bonneville, en Haute-Savoie, l’a condamné à une amende mais l’a en revanche relaxé pour le vol des pieux situés sur le territoire italien. Contacté par l’AFP, son avocat, Me Laurent Thouvenot, a précisé qu’il était «très probable» qu’il fasse appel.

Lire: Au Mont-Blanc, les pieux de la colère

Lors de son procès pour vol, Christophe Profit, qui s’est fait connaître en 1982 pour son ascension en solitaire d’une paroi de 900 mètres sur la face ouest des Drus, dans le massif du Mont-Blanc, avait affirmé à l’audience avoir agi «pour éviter que des alpinistes amateurs sans expérience puissent prendre des risques inutiles». L’été dernier, Christophe Profit avait déjà partagé ses craintes au Temps: «Ces ancrages font figure de jalon et invitent les non-initiés à emprunter l’itinéraire devenu très raide et dangereux après l’apparition des crevasses. C’est une indication trompeuse», avait-il déclaré. Le guide craint aussi que ces quatre pics métalliques soient une porte ouverte à d’autres installations de toutes sortes.

A l’audience, il a souligné qu’il existait «un itinéraire alternatif possible» qui respectait l’essence même de la discipline, à savoir l’absence d’installation humaine. Lui-même a trouvé un passage alternatif, expliquait-il au Temps. Moins raide que la voie normale qu’il a rebaptisée «voie des pieux», son itinéraire contourne le passage par la gauche en louvoyant dans la face nord du Mont-Blanc.

Le Mont-Blanc sera-t-il de plus en plus sécurisé? De nouveaux pieux seront-ils installés au fil des crevasses? Le débat continuera d’animer ceux qui veulent garder la montagne épargnée de toute impureté et les autres qui souhaitent allouer des moyens pour rendre son cheminement plus sécurisé.

Lire, à propos de Christophe Profit: Plutôt mûrir que vieillir