En Amérique du Sud, une corruption généralisée
FIFA
Seize dirigeants latino-américains sont visés par la justice américaine. La procureure générale Loretta Lynch a dénoncé une corruption «à un degré inadmissible»

Loretta Lynch avait débuté sa journée en envoyant quelques médias américains à 5h du matin devant l'hôtel Baur au lac. La procureure générale l'a terminée en convoquant toute la presse mondiale à Washington pour donner quelques détails sur ce second coup de filet à la FIFA. Au total, 16 dirigeants latino-américains sont accusés de corruption «à un degré inadmissible». «Chacun de ces 16 nouveaux suspects est inculpé de racket organisé et d'autres infractions liées aux abus commis dans l'exercice de ses fonctions, sur une longue période», a précisé Loretta Lynch, qui indique que «huit ont déjà décidé de plaider coupable» et de coopérer avec la justice américaine. La ministre américaine de la justice a souligné au passage «l'excellente collaboration des autorités suisses».
Les noms les plus connus sont ceux des deux principaux dirigeants du football brésiliens: Marco Polo del Nero, président de la confédération brésilienne (CBF) et membre du comité exécutif de la FIFA, et son prédécesseur Ricardo Texeira, gendre de Joao Havelange (ancien président de la FIFA de 1974 à 1998). On retrouve également un énième membre du comité exécutif de la FIFA, le Guatémaltèque Rafael Salguero.
Au total, les pots de vin, détournements de fond et rétro-commissions représenteraient une somme dépassant les 200 millions de dollars. Marco Polo del Nero est visé par 92 chefs accusation qui vont du racket à la fraude électronique en passant par le blanchiment d'argent, la conspiration et l'abus de position dominante à des fins financières.
Les autres inculpés sont: Rafael Callejas, ancien président de la fédération hondurienne, Brayan Jimenez, président de la fédération guatémaltèque, Hector Trujillo, secrétaire général de la fédération guatémaltèque, Reynaldo Vasquez, ancien president de la fédération salvadorienne, Manuel Burga, ancien président de la fédération péruvienne, Carlos Chavez, président de la fédération bolivienne, Luis Chiriboga, président de la fédération équatorienne, Eduardo Deluca, secrétaire général de la Conmebol, Jose Luis Meiszner, ancien secrétaire général de la Conmebol, Romer Osuna, chef du comité d'audit et de conformité de la fédération bolivienne.
«La trahison de la confiance atteint ici des proportions scandaleuses et l'ampleur de la corruption alléguée est inadmissible», a dénoncé la procureure. Loin d'être démotivée, Loretta Lynch s'est montrée déterminée, et même menaçante: «Le message de cette annonce devrait être clair pour tout individu coupable qui reste dans l'ombre, dans l'espoir d'échapper à notre enquête: vous ne vous en sortirez pas. Vous ne nous échapperez pas.»