Silvio Berlusconi n'est plus président du Conseil italien, mais son pouvoir sur le football de la Péninsule reste intact. Comment éviter de penser que le Cavaliere, avec son réseau d'influences, n'a pas pesé sur la décision de l'UEFA (Union européenne de foot) de «repêcher» son club, l'AC Milan, dès le 3e tour préliminaire de la Ligue des champions (C1)? Comment passer sous silence l'aura de la société lombarde, sa puissance sportive et financière, son impact médiatique dans une compétition où elle détient le statut de favorite, au même titre que Barcelone, Chelsea ou le Real Madrid? «L'intérêt supérieur» de l'Etat footeux l'a donc emporté sur la plus élémentaire justice.
Milan a été condamné suite au procès «Calciopoli» - matches truqués avec la complicité d'arbitres. D'abord à 44 points de pénalité sur le classement de la saison 2005/2006, donc à l'exclusion de la C1. Peine adoucie en appel, le 25 juillet, par le Tribunal disciplinaire de la Federcalcio: moins 30 points seulement, 3e place du championnat, ce qui replaçait les Rossoneri dans le giron de la plus prestigieuse épreuve européenne.
Restait à l'UEFA le pouvoir de statuer. Pouvoir? Impuissance, plutôt. «Le comité d'urgence [...] est parvenu à la conclusion qu'il n'avait pas d'autre choix que d'admettre l'AC Milan, faute de base légale suffisante dans ses règlements lui permettant de s'y opposer. Milan a bénéficié des lacunes en la matière», avoue piteusement un communiqué de l'instance continentale, publié hier.
Le vide juridique profite toujours à l'accusé. En l'espèce, la nuance est de taille: il s'agit d'un club reconnu coupable, qui pourra briguer la consécration la plus glorieuse (et lucrative). Une aberration en termes de droit pur.
Mais, on le sait depuis longtemps, les législations sportives s'en moquent. Jusqu'à quand?