Sarah Atcho peut faire une croix sur la saison d’athlétisme en salle. La sprinteuse vaudoise de 26 ans souffre d’une péricardite – une inflammation de la fine membrane recouvrant le cœur – qui lui impose de s’entraîner sans intensité pendant un mois et de prendre des anti-inflammatoires pendant trois.

Sa situation connaît un écho particulier depuis qu’elle l’a présentée à sa communauté sur le réseau social Instagram lundi soir. La jeune femme fait le lien entre le «booster» vaccinal qu’elle a reçu le 22 décembre dernier et son problème de santé, dont elle a ressenti les premiers symptômes – un étourdissement en montant des escaliers – cinq jours plus tard.

«Je dois admettre que je suis fâchée de cette situation parce qu’on ne parle pas assez des effets secondaires de la vaccination», écrit-elle après avoir précisé qu’on lui avait recommandé le produit de Pfizer pour minimiser le risque de complications au niveau cardiaque. Et poursuit: «Je suis heureuse que le vaccin ait permis d’éviter beaucoup de morts et de réduire la pression sur les hôpitaux et leur personnel, mais je suis frustrée que moi et d’autres jeunes gens en bonne santé souffrent d’effets secondaires lourds.»

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Un rappel par commodité

Sarah Atcho appelle aussi les membres de sa communauté à la contacter s’ils vivent la même expérience qu’elle, pour «s’aider les uns les autres». Sur Twitter, elle a plus tard indiqué avoir reçu de tels témoignages.

Dans une interview accordée à la version romande de Blick, elle se distancie des «antivax», estimant n’avoir «rien à voir avec leur camp», et expliquant avoir attendu avant de parler de ses problèmes parce qu’elle n’avait pas «envie» d’être «prise pour leur ambassadrice». En novembre, elle avait d’ailleurs pris part à la promotion de la Semaine nationale de la vaccination.

Confiant qu’elle s’était fait vacciner au départ pour pouvoir aller sans problème aux Jeux olympiques de Tokyo l’été dernier, et qu’elle avait eu recours à une dose de rappel dans le même souci de commodité en vue de la nouvelle saison, elle ajoute: «Je ne pense pas que les gens ne devraient pas se faire vacciner. Vu mon expérience, j’ai des doutes aujourd’hui sur la nécessité [de le faire] pour les plus jeunes personnes qui sont en bonne santé.»

Désillusion olympique

Différentes études attestent du risque de myocardite (inflammation du muscle cardiaque) et de péricardite dans les jours suivants l’administration d’un vaccin à ARN messager, notamment chez les jeunes de moins de 30 ans. Ce risque est toutefois beaucoup plus important dans le cas d’une infection au Covid-19, et les conséquences souvent bénignes.

Reste que pour Sarah Atcho, tombée du mauvais côté des statistiques, la péripétie survient à un mauvais moment. L’athlète a connu une année 2021 difficile. Aux Jeux olympiques, elle a perdu sa place au sein du relais 4x100 mètres suisse dont elle faisait partie aux Championnats d’Europe 2018 et aux Mondiaux 2019. Cela a été très dur à digérer. En novembre dernier, elle confiait à l’agence ATS être passée par des épisodes de dépression.

De retour du Japon, elle a consulté une psychologue pour entamer sa reconstruction. Au cours du même entretien, elle estimait que son exposition sur les réseaux sociaux lui permettait d’aller mieux, de «reprendre confiance en elle». Elle se trouve actuellement en camp d’entraînement en Espagne et espère pouvoir s’entraîner normalement dès la fin du mois.