«Les autres membres de l'équipage ont été un stimulateur»

Le Temps: L'aventure touche à sa fin…

Bernard Stamm: Nous arrivons, c'est une bonne nouvelle. On va être content de revoir du monde, de manger autre chose que de la nourriture lyophilisée. Ce n'est pas très varié et pas simple à digérer (rires). Je rêve d'un bout de bidoche. A part ça, j'ai hâte d'arriver parce que c'est toujours sympa, même si ça ne correspond jamais à ce qu'on imagine.

– Vous êtes plutôt un navigateur solitaire. Qu'est ce qui change en équipage?

– La navigation en équipage permet, à chaque changement de quart, d'avoir une équipe reposée pour faire avancer le voilier le plus vite possible. Elle permet d'utiliser 100% du potentiel du bateau sur le tour complet. La navigation en solitaire est beaucoup plus stressante, physique et fatigante. En équipage, quand nous ne sommes pas de quart, nous sommes vraiment au repos. Après, c'est une question de confiance ou non qui peut engendrer du stress. Mais on n'a pas eu ce problème. La promiscuité n'a pas non plus été un réel souci parce que le bateau est assez grand pour laisser de l'espace à chacun. Et ça dépend en grande partie de l'ambiance à bord. Si elle devient maussade, la promiscuité peut être un détonateur. Mais là encore, rien à dire, l'ambiance est restée au beau fixe. La présence des autres membres de l'équipage a été un stimulateur.

– Vous avez toujours envie de refaire du solitaire?

– Que ce soit en équipage ou en solitaire, la motivation vient de l'objectif que je me fixe. J'y vais avec le même état d'esprit. J'aime bien faire les choses de A à Z, donc je n'aurai pas de mal à refaire du solitaire. Mais c'est sûr que naviguer avec 13 personnes aux compétences diverses est très enrichissant. On apprend beaucoup plus vite que tout seul. Cette expérience me sera utile pour la suite.

– Ne craignez-vous pas de trouver le monocoque un peu lent après ce tour du monde express en multicoque?

– Non. Le monocoque de 60 pieds est un bateau très vivant, avec lequel on peut avoir de bonnes sensations de vitesse. En revanche, le côté extrême du multicoque à 40 nœuds qui sort une coque de l'eau me manquera sûrement.