Pourtant, les chances de voir le skipper d'Ecover s'aligner au départ de la deuxième étape, semblent maigres. Certes, Mike Golding possède un mât de rechange, mais il faudrait qu'il mette son voilier sur un cargo en partance pour l'Australie. Une opération coûteuse. Il faudrait aussi que les organisateurs repoussent la date du coup d'envoi de la deuxième manche, prévu le 7 janvier prochain. «Nous l'envisageons très sérieusement, confie David Adams, le directeur de course. Pas uniquement pour Golding, mais aussi pour les autres skippers. Afin de leur laisser suffisamment de temps à Fremantle pour se préparer pour l'étape suivante. C'est une question de sécurité.» David Adams est le bras droit du patron de la course, sir Robin Knox-Johnston. Ce dernier, premier navigateur à avoir bouclé une circumnavigation en solitaire et sans escale en 1969, a décidé de relever à nouveau le défi, à 67 ans. En tant que propriétaire de la société organisatrice de l'épreuve, il estime certainement normal que des mesures soient prises pour lui faciliter la tâche...
Une chose est sûre, David Adams ne voit pas en quoi le fait qu'il ne reste plus que six skippers engagés - cinq si Golding renonce - et personne pour tenir tête à Bernard Stamm pose problème. «En tant qu'organisateurs, nous ne pouvons pas contrôler ce qui se passe. En voile, c'est la nature qui décide et la casse fait partie du jeu. De plus, Bernard Stamm n'a pas encore gagné et il peut y avoir d'autres abandons.» Et d'ajouter ce qui se veut être une plaisanterie: «En Suisse, vous avez bien la Coupe de l'America. C'est une régate à deux bateaux!» Quoi qu'en dise l'ironique directeur de la Velux 5 Oceans, l'absence de suspense avec la domination, depuis le début, du navigateur vaudois et les déboires de ses adversaires entame l'intérêt de cette course. Ce que confirme Stuart Alexander, journaliste au Daily Telegraph: «Le sauvetage de Thompson par Golding a été très médiatisé ici en Angleterre. Mais si ce dernier arrête, la couverture va se limiter à quelques papiers sur le tour du monde de Robin Knox Johnston à 67 ans.»
La Velux 5 Oceans a souffert de la concurrence de la Route du rhum, agendée en même temps. «Cela reste une classe très française, dont les skippers donnent la priorité à la Route du rhum. A nous de repenser l'ensemble du programme et du calendrier», insiste Luc Talbourdet, président de l'Association de la classe des monocoques de 60 pieds open (IMOCA), en réunion sur ce thème à Paris.
Pendant ce temps, Bernard Stamm fait le gros dos dans des conditions hostiles. «La mer va devenir toute blanche. L'essentiel maintenant c'est de ne pas casser, d'arriver...»