Gymnastique
Le genou gauche de la Saint-Galloise a lâché samedi à Glasgow, mais la Suisse avait déjà réussi ses Mondiaux

Les Mondiaux de Glasgow allaient s’achever sans fausse note pour les gymnastes suisses. L’équipe masculine avait fini sixième en artistique, Giulia Steingruber avait terminé le concours général à une brillante cinquième place, et elle pouvait rêver d’une médaille au saut et au sol à l’approche du week-end. Ses espoirs ont lâché en même temps que son genou gauche, samedi, lorsqu’elle s’est mal réceptionnée au terme d’un Yurchenko double vrille arrière. Cette blessure contraste le bilan helvétique en Ecosse, mais n’éclipse pas tout.
A 21 ans, Giulia Steingruber incarne le renouveau de la gymnastique suisse. Sacrée championne d’Europe en avril, elle a aussi brillé aux Mondiaux. Sa cinquième place au concours général impressionne tant sur le plan personnel (elle était quinzième en 2015) que sur celui de l’histoire nationale récente (le meilleur résultat d’Ariella Kaeslin était une huitième place, en 2009 et 2010). Sans sa blessure, elle aurait eu des chances de remporter une médaille mondiale, le seul tableau sur lequel la Lucernoise, avec l’argent à Londres en 2009, la devance encore.
Et Giulia Steingruber n’est pas la seule à tirer la Suisse vers le haut. Il faut revenir en 1970 pour trouver la trace d’un aussi bon résultat que le sixième rang des hommes en artistique. «Concourir parmi l’élite mondiale est juste génial», a relevé Claudio Capelli, le doyen de l’équipe. Ses coéquipiers et lui peuvent y prendre goût: leur participation aux Jeux de Rio est assurée.
Ces résultats ravivent la passion qui lie la Suisse à la gymnastique. Historiquement, c’est le sport qui a rapporté le plus de médailles olympiques estivales aux Helvètes (48, dont 16 d’or) et sa base est massive: la Fédération est la plus importante du pays avec 300 000 membres (devant le football et le tennis) et les manifestations populaires (Gymnaestrada, Fête fédérale, Championnats de gym de sociétés) cartonnent. Ariella Kaeslin était une véritable star outre-Sarine: elle a été élue sportive suisse de l’année trois ans de suite (de 2008 à 2010). Enfin, deux Suisses ont dirigé la Fédération internationale, Charles Thoeni (1956-1966) et Arthur Gander (1966-1976).
En l’honneur de ce dernier, la salle de sport de Beausobre va accueillir, mercredi, de nombreux gymnastes internationaux de premier plan à l’occasion du 32e Mémorial Arthur Gander pour une sorte de revanche des Mondiaux, à la manière de la Weltklasse, à Zurich, en athlétisme. Annoncée pour cette compétition de gala, Giulia Steingruber ne pourra pas participer, mais Christian Baumann et Oliver Hegi, de l’équipe d’artistique, seront à Morges, en attendant Rio. Depuis 1952, année des dernières médailles olympiques, la gymnastique nationale avait mal à son sport d’élite. La disette n’a été interrompue qu’en 1996 par le Lucernois d’adoption Donghua Li, en or Atlanta. Vingt ans plus tard, tout sera ouvert.
Informations et billetterie:
www.gymmorges.ch/MemorialGander