Futur adversaire. Joseba Beloki (3e) est un excellent coureur. Il a démontré sa classe tout au long du Tour. Cette course est plus dure que la Vuelta ou que le Giro. Dans la première semaine, elle est dangereuse. On peut se faire piéger dans la seconde.
Autant d'embûches qu'il a passées sans encombre. Sûr qu'il fera partie des favoris dans le futur.
Jan Ullrich. Sa forme a été ascendante. Je l'apprécie beaucoup en tant qu'homme et je le respecte en tant qu'adversaire. En 2001, il sera à nouveau un prétendant à la victoire finale. Tout comme il le sera pour de nombreuses années encore.
Marco Pantani. Je regrette mon geste du Ventoux. J'étais le plus fort. Jusqu'au moment de passer la ligne, j'avais beaucoup de respect pour Pantani. Mais lorsqu'il a déclaré qu'il avait gagné parce qu'il était supérieur, j'ai changé d'avis. J'ai beaucoup appris sur sa personnalité. Et je me réjouis déjà de la prochaine confrontation en montagne. Sûr, il n'y aura pas de cadeaux.
Jeux olympiques. Ce sera la troisième fois que je participerai aux Jeux olympiques. En 1996, à Atlanta, j'étais déjà rongé par le cancer, mais je l'ignorais. A Sydney, si je suis en forme, je pense pouvoir remporter la médaille d'or dans le contre-la-montre. Ce serait le point culminant de ma carrière.
Souffrance. Le col de Joux-Plane a fait de la journée de mardi le jour le plus difficile de ma carrière de cycliste. Je m'étais préparé à perdre au moins trois minutes. J'ai aussi réalisé que le Tour pouvait se perdre en 10 kilomètres.
Bonheur. J'ai eu deux moments de bonheur: à Lourdes-Hautacam, dans les Pyrénées, lorsque j'ai creusé l'écart avec mes adversaires, et la victoire d'étape à Mulhouse (contre-la-montre) alors que personne n'y croyait.
Fatigue. Physiquement, je termine le Tour plus fatigué qu'en 1999. Par contre, moralement, cela a été plus facile. Il n'a pas fallu se battre contre la rumeur, même s'il semble que certaines personnes n'ont vraiment pas de filtres dans la tête et parlent sans savoir. L'an passé, j'avais dû prendre toute la fin de la saison pour me remettre.
Célébrité. C'est une notion très relative et la gloire n'est pas ma motivation première. D'ailleurs, quand je me promène à Nice ou à Houston, personne ne me reconnaît. Mais un cycliste dans la rue n'a pas la même apparence qu'en course. Il n'a plus de casque ni de lunettes. On est moins exposé que les footballeurs et c'est très bien ainsi.
Tueur. Je ne crois pas que l'on naisse avec une mentalité de champion. L'instinct de tueur se construit. Je ne sais pas quels événements précis ont fait que je devienne aussi agressif. Mais quand on vous apprend enfant à ne jamais baisser les bras, c'est pour la vie…