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Bordures. Le Tour de quoi?

Malheureux coureurs cyclistes. Le Tour de France n'est pas seulement une

Malheureux coureurs cyclistes. Le Tour de France n'est pas seulement une torture physique pour ces 175 visiteurs; c'est aussi une longue traversée du désert. Comme l'exprimait en début de semaine mon dernier héros en date, le télégénique Marcel Wüst et ses mollets hallucinogènes, «Je n'ai rien vu de la France jusqu'à ma chute à San Sebastian en 1992.» Ce n'est pas qu'ils aillent trop vite à travers des paysages souvent enchanteurs. C'est plutôt que la position des cyclistes – plaqués sur leur cadre, le nez humant la roue arrière de leurs prédécesseurs – et la concentration nécessaire à une hypothétique victoire les empêchent de voir quoi que ce soit. Un commentateur de France 2 l'expliquait parfaitement pendant que Christophe Agnolutto volait vers la victoire vendredi après-midi: seule la pensée de ce qu'il fera de sa victoire pourrait le déconcentrer et lui faire perdre du terrain. La villégiature, c'est pour plus tard.

On pourrait entourer les cyclistes d'un nuage de brouillard, qu'ils n'y verraient pas la différence. Et c'est bien dommage, car les paysages traversés valent à eux seuls le détour imposé par l'organisateur. Tous ceux qui connaissent le centre de la France se rappelleront avec émoi les départementales bordées de hauts arbres – annoncés par des panneaux «Attention, platanes inclinés!» – et de champs de tournesols en fleurs. Ou les bourgades lovées au coude d'une rivière, dans lesquelles on se promet de revenir, un jour. Heureusement, les coureurs cyclistes réagissent encore au bruit et il est permis d'espérer que les mots d'encouragement, s'ils déconcentrent, gardent de leur effet. Même s'ils ne prennent pas le temps de jeter un regard aux créatures de rêve qui, parfois, les leur lancent. H. Py.