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La Chine à la NBA: «Houston, nous avons un problème»

Un tweet de soutien à Hongkong du directeur général des Houston Rockets a fâché Pékin, qui a lancé diverses mesures de boycott en retour. Mais la NBA tient bon

Le match Houston Rockets - Toronto Raptors lors des NBA Japan Games. Saitama, 8 octobre 2019. — © Christopher Jue/EPA
Le match Houston Rockets - Toronto Raptors lors des NBA Japan Games. Saitama, 8 octobre 2019. — © Christopher Jue/EPA

Le vendredi 4 octobre, le directeur général des Houston Rockets, Daryl Morey, a posté sur Twitter un appel à soutenir les manifestants de la région autonome chinoise de Hongkong, lesquels exigent de Pékin davantage de libertés civiles. Son tweet a rapidement provoqué la fureur de nombreux fans de basket en Chine, qui estiment que le responsable de la franchise texane s’ingérait dans les questions de souveraineté et encourageait les tensions.

L’affaire a débordé du cadre (désormais classique) de la tempête d’indignation numérique lorsque le porte-parole du Ministère chinois des affaires étrangères, Geng Shuang, a condamné dans un point presse «les propos erronés» du directeur général des Houston Rockets, et affirmé qu’il «est inconcevable d’avoir des échanges et des coopérations avec des Chinois sans connaître ni comprendre l’opinion publique chinoise».

Dans un même élan, la chaîne publique CCTV et le géant d’internet Tencent, qui diffuse en streaming les matchs du championnat NBA à des centaines de millions de fans en Chine, ont annoncé mardi «suspendre» la diffusion des deux matchs d’exhibition prévus cette semaine. «Nous estimons que tout propos qui remet en cause la souveraineté nationale et la stabilité sociale n’entre pas dans le champ de la liberté d’expression», a indiqué CCTV sur le réseau social Weibo, laissant entendre qu’elle pourrait rompre certaines de ses coopérations avec la NBA.

La NBA prise entre deux feux

Le basket est le sport numéro un en Chine et les matchs du championnat nord-américain sont suivis avec ferveur, notamment ceux des Houston Rockets, le club des deux Suisses Clint Capela et Thabo Sefolosha mais surtout l’ancienne équipe (de 2002 à 2011) de la star chinoise Yao Ming.

La NBA a noué de lucratifs partenariats en Chine et pourrait perdre gros dans l’affaire. Lundi, la star des Houston Rockets, James Harden, s’était excusée au nom de son équipe. Et dans un communiqué, la NBA avait reconnu que le point de vue de Daryl Morey avait «offensé» les fans chinois, jugeant cela «regrettable». «Nous ne nous excusons pas que Daryl exerce sa liberté d’expression», a-t-il reformulé mardi, tout en continuant de «regretter» le fait que «de si nombreuses personnes soient fâchées». Ce faisant, il a contrarié le Texan Beto O’Rourke, un candidat à la présidentielle américaine en 2020, qui estime que «la seule chose pour laquelle la NBA devrait s’excuser, c’est la flagrante priorité donnée à l’argent aux dépens des droits de l’homme».

Opération de promotion annulée

Depuis le Japon, où les Houston Rockets et les Toronto Raptors jouent des matchs d’exhibition cette semaine, le patron de la NBA Adam Silver a répété que «la ligue va continuer à soutenir la liberté d’expression et bien entendu la liberté d’expression de la communauté NBA», sans «chercher à réglementer ce que les joueurs, les employés et les propriétaires d’équipe disent ou ne disent pas sur ces questions». Adam Silver doit se rendre en Chine mercredi pour assister à deux matchs d’exhibition entre les Brooklyn Nets et les Los Angeles Lakers, prévus jeudi à Shanghai et samedi à Shenzhen. Il prévoit de rencontrer des responsables chinois pour discuter de la crise. Mardi, la NBA et les Brooklyn Nets ont brusquement annulé une opération de promotion prévue le jour même à Shanghai, sans fournir d’explication.