Le Bernois Marc Hirschi, 22 ans, a remporté jeudi en solitaire la 12e étape du Tour de France, la plus longue de l’édition 2020 (218 km), qui menait les coureurs de Chauvigny (Vienne) à Sarran (Corrèze) en passant par Saint-Léonard-de-Noblat, la patrie de Raymond Poulidor, récemment décédé. Hirschi, qui dispute son premier Tour sous le maillot de l’équipe Sunweb, a battu d’une cinquantaine de secondes le Français Pierre Rolland, en avant-garde d’un groupe de poursuite réglé par le Danois Soeren Kragh Andersen, également de la Sunweb. Le Slovène Primoz Roglic (Jumbo) conserve le maillot jaune après cette étape accidentée mais sans conséquence sur le haut du classement.

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Révélation de ce Tour de France, Marc Hirschi était déjà passé deux fois tout près de la victoire depuis le départ de Nice le 29 août. Le champion du monde espoirs 2018 s’était incliné face au Français Julian Alaphilippe, le héros malheureux du Tour 2019, à l’arrivée de la deuxième étape à Nice. Il avait aussi frôlé le succès dimanche dernier dans la seconde étape pyrénéenne, à Laruns, où il avait été repris à l’approche de l’arrivée pour se classer troisième.

«Il était le plus fort»

Ce troisième podium, cette fois sur la plus haute marche, constitue la première victoire d’étape suisse sur le Tour depuis Fabian Cancellara lors du contre-la-montre d’ouverture à Liège en 2012. Bernois comme Hirtschi, originaire d’Ittigen comme ses parents, Fabian Cancellara est aujourd’hui l’agent du nouveau prodige du cyclisme suisse. «Marc habite à 300 mètres de chez moi, j’ai été son idole et aujourd’hui nous collaborons», expliquait «Spartacus» en début de semaine dans Le Temps, qui définit son rôle comme «ni entraîneur, ni physio, ni mécano mais plutôt un mentor», quelqu’un «qui a vécu ce qu’il est en train de vivre».

Après une première échappée d’un groupe de six coureurs repris à 42 kilomètres de l’arrivée, Marc Hirschi s’est extrait du peloton en compagnie de cinq hommes dans l’avant-dernière côte du parcours. Dans l’ascension du Suc au May, une côte sévère qui domine le massif des Monédières, Hirschi a placé une accélération décisive. Il restait 28 kilomètres mais une chasse menée par Alaphilippe n’a jamais pu revenir, terminant avec une cinquantaine de secondes de retard. «A cinq kilomètres de l’arrivée, on a compris qu’on ne rentrerait pas sur Hirschi, avouait Pierre Rolland. Je finis deuxième mais je n’ai pas de regret parce qu’il était tout simplement plus fort.» «Félicitations à lui, il a fait un grand numéro encore, il méritait de gagner», relevait sportivement Julian Alaphilippe.

«Après toutes ces mauvaises expériences, je n’y croyais pas»

Finalement, le moins convaincu était peut-être Marc Hirschi lui-même. «J’avais un peu mal au dos ces deux derniers jours, je n’avais pas bien dormi, non plus. Mais aujourd’hui je me suis lancé en me disant «peu importe». Même dans le dernier kilomètre, je ne croyais pas pouvoir le faire, après mes deux mauvaises expériences. J’ai été proche de gagner deux fois. J’étais vraiment triste, surtout après dimanche. C’est ma première victoire sur le circuit pro dans le Tour de France, c’est incroyable. En franchissant la ligne, j’ai été pris par l’émotion, beaucoup d’émotion.»

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Vendredi, la 13e étape, entre Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme) et le Puy Mary (Cantal), présente le dénivelé le plus important de cette édition, 4400 mètres, au long des 191,5 kilomètres. Sept ascensions figurent sur le parcours qui se conclut par la montée jusqu’au Pas de Peyrol, très raide dans sa partie finale et classée en première catégorie.