Publicité

Des enjeux financiers freinent le calendrier allégé du football

Comment éviter la surcharge de matches? La grande idée de Michel Platini – jouer de février à novembre sur toute la planète – sert de base à la réflexion

«Quel est le souci majeur d'un supporter de football aujourd'hui? Ce n'est pas le problème du tackle, les erreurs d'arbitrage ou le hooliganisme, mais le calendrier mondial.» Pour Keith Cooper, directeur de la communication à la FIFA (Fédération internationale de football), l'harmonisation du calendrier sera le grand thème de discussion de ces prochains mois. D'ailleurs, tous les intervenants du dernier débat qui s'est tenu, à Cannes, dans le cadre de Football Expo – le salon économique mondial consacré depuis lundi au football – ont partagé mercredi sa préoccupation.

Dans un contexte où les matches se suivent à un rythme effréné, quelle solution pour éviter l'implosion du football? Rappelons qu'une réunion s'était tenue en Australie en 1933 pour uniformiser le calendrier. Depuis lors, l'idée était tombée aux oubliettes jusqu'à… l'an dernier et la «bombe» lancée par Joseph Blatter: une Coupe du monde organisée tous les deux ans. Le président de la FIFA sait très bien que ce scénario n'est réaliste que si, au préalable, le calendrier international est restructuré.

Depuis lors, ce thème est devenu le cheval de bataille de Michel Platini, conseiller technique de Joseph Blatter. Le projet de l'ancien capitaine de l'équipe de France est le suivant: jouer de février à novembre sur toute la planète. Dans le détail, janvier: préparation; février à juin: compétitions nationales (championnat et coupe) et coupes continentales (Ligue des champions et Coupe de l'UEFA en Europe); juillet-août: compétitions internationales (équipes nationales); septembre à novembre: fin des compétitions nationales et continentales; décembre: vacances. Cela correspond à un total de 76 matches au maximum.

Cette refonte du calendrier est nécessaire selon tous les protagonistes. «Plus il y a de rencontres, plus on s'expose à des problèmes. Il faut une harmonisation pour la qualité du jeu, le respect des joueurs et que les footballeurs restent humains», explique Graig Johnston, milieu de terrain de Liverpool dans les années 80. Eric Di Meco, qui a joué à l'Olympique de Marseille jusqu'en 1996 et qui est aujourd'hui manager du club phocéen, partage cette opinion: «Il faut limiter le nombre: 50 matchs me paraissent un maximum.» En tant qu'adjoint au maire comme conseiller pour la politique sportive, Di Meco juge aussi les conséquences sur la vie sociale: «Mardi soir, il n'y avait que 22 000 spectateurs au stade Vélodrome pour voir Chelsea. Cette situation m'inquiète. Les gens sont obligés de sélectionner leur match et ne peuvent assouvir leur passion!»

Toni Graf-Baumann, membre du Comité médecine FIFA, également médecin dans un club de troisième division allemand, a un autre regard. Mais il tire les mêmes conclusions: «Il y a des limites physiques et mentales pour tous les sportifs de haut niveau. Si on les dépasse, il y a des risques. Ces dernières années, nous avons constaté une augmentation du nombre de cas de blessures et de contrôles antidopage positifs et pouvons dire qu'il y a exagération dans le football.» Sa conclusion est sans ambiguïté: «Nous, médecins du sport, exigeons des mesures coercitives. Avec un calendrier harmonisé, il y aura le début d'un contrôle de la santé et nous limiterons les risques.»

Quels sont les freins à la mise en place de ce nouveau calendrier? D'abord, la lutte de notoriété que se livrent la FIFA et l'UEFA (Union européenne des associations de football). Cette dernière possède, historiquement, et de fait, le plus grand pouvoir parmi les Confédérations continentales: ses clubs sont les plus riches, les meilleurs joueurs du monde sont en Europe, le calendrier a toujours été pensé par et pour les clubs européens. De plus, la pause estivale est une tradition fortement ancrée dans les mentalités du Vieux Continent. Sans oublier qu'au sein de l'UEFA, les clubs les plus riches reçoivent des droits TV énormes et que les chaînes de télévision ne sont pas prêtes à enrayer cette spirale.

Le football doit trouver une solution et le projet de Michel Platini a le mérite d'être là. Il sert de base à toutes les discussions. Le prochain épisode concret de ce feuilleton aura lieu dans deux à trois semaines: le plan sera présenté au Comité exécutif de la FIFA, qui donnera son avis.