Elles auront été inséparables jusqu'au bout. Comme si le destin ne parvenait pas à choisir. Il aura fallu attendre le passage de la dernière concurrente de la seconde manche du géant, ultime épreuve des finales de la Coupe du monde, pour connaître le dénouement d'une saison qu'Anja Pärson et Janica Kostelic auront animée et dominée.

Alors qu'approche leur tour, dans cette seconde manche, les deux rivales complices se glissent un mot à l'oreille, s'encouragent avec un sourire. Elles paraissent étonnamment détendues. Dans l'aire d'arrivée de la piste Beltrametti, les 6000 spectateurs retiennent leur souffle lorsque la Croate s'élance. En tête au temps intermédiaire, elle termine provisoirement 4e. La Suédoise suit juste derrière. De toute évidence, elle n'est pas dans le coup. Son corps paraît se mouvoir avec lourdeur. Au passage de la ligne, le verdict sonne comme une gifle. La foule lâche un «oh!» de surprise. Anja Pärson est 13e. Janica Kostelic, restée pour l'attendre, l'enlace chaleureusement. Ni l'une ni l'autre ne sait encore laquelle les deux soulèvera le gros globe de cristal. Tout repose sur les épaules de la dernière skieuse à s'élancer, Maria-José Rienda Contreras. Si elle fait mieux que la Croate, alors septième, elle offre la victoire au général à Pärson. Là encore, le public retient son souffle, suspendu au chrono de l'Espagnole, qui vient se glisser à la première place. La bouille enfantine d'Anja Pärson reprend des couleurs. Celle de Janica Kostelic reste dessinée par un sourire. Certes, la récompense lui échappe, mais de trois points seulement! Le plus petit écart de l'histoire.

La Croate n'a cessé de le répéter. De retour cette année après une saison blanche, elle se satisfait amplement de la 2e place: «Je suis heureuse, car au début de l'hiver, je n'aurais jamais imaginé me retrouver là.» Anja Pärson, également fière de sa saison – mais moins de sa journée qui a failli lui coûter deux globes (celui du géant revient à la Finlandaise Tanja Poutiainen) –, rend hommage à son adversaire: «Aujourd'hui, nous avons prouvé à quel point c'est serré entre nous. Nous terminons la saison avec trois points d'écart, ce qui montre que l'on peut difficilement nous départager. Nous sommes aussi performantes l'une que l'autre. C'est à chaque fois une question de centièmes de seconde. Et je ne pense pas que cela changera ces prochaines années. Notre rivalité est une source d'inspiration.»