Les blessures l'ont parfois tenu éloigné des terrains, mais lorsque son corps est intact, il répond toujours présent. Sébastien Fournier en a administré une nouvelle preuve samedi soir à Belgrade face à la Yougoslavie. Son centre parfait, notamment, a trouvé la tête victorieuse de Stéphane Chapuisat permettant aux Helvètes d'égaliser. Et de conserver ainsi leurs chances en vue d'une qualification pour la phase finale de la Coupe du monde 2002.

Le milieu de terrain servettien – qui est revenu de Belgrade avec un œil gauche au beurre noir – se prévaut toujours des mêmes préceptes: rigueur, combativité, abnégation. L'homme est un leader naturel comme les entraîneurs les aiment. D'ailleurs, depuis sa première présence en équipe nationale sous la conduite de Roy Hodgson (janvier 1994), il a été convoqué par tous les sélectionneurs ayant succédé à l'Anglais à la tête de l'équipe nationale (31 sélections et 3 buts). Aujourd'hui, c'est Enzo Trossero qui ne saurait se passer de ses services. A bientôt 30 ans, l'ex-joueur de Sion et de Stuttgart a atteint la pleine maturité. Malgré une cheville gauche endolorie, il sera à nouveau un élément essentiel de la mosaïque suisse face au Luxembourg, ce mercredi à Zurich (coup d'envoi à 20 h 15).

Le Temps: Un entraînement léger lundi matin, une sieste et des soins l'après-midi, puis une séance vidéo. Pourquoi un tel programme?

Sébastien Fournier: Nous avons annulé le deuxième entraînement (n.d.l.r.: initialement prévu en fin de journée) parce qu'il faut absolument récupérer au maximum.

– Après le résultat positif de samedi, l'ambiance est de toute évidence bonne dans le groupe. Comment sentez-vous l'équipe?

– L'ambiance était déjà sympa la semaine dernière. Après le match nul de Belgrade, elle s'est encore améliorée. Je crois que l'esprit a toujours été bon en sélection, mais il est encore en train de se bonifier.

– Sur un plan comptable, le point face à la Yougoslavie a maintenu vos chances de qualification intactes. Que vous a-t-il apporté d'autre?

– Des éléments de repère. Nous sommes rassurés sur nos possibilités, surtout par rapport à notre dernière sortie contre la Pologne (n.d.l.r.: défaite 4-0 fin février). Cette débâcle face aux Polonais nous a finalement été salutaire. Elle a engendré notre réaction de samedi.

– Vous abordez donc la prochaine rencontre avec une confiance renforcée.

– Nous étions déjà sereins, mais nous le sommes en effet encore plus.

– Après un match plutôt défensif contre la Yougoslavie, quel visage allez-vous montrer face au Luxembourg?

– Le même. Mais plus haut sur le terrain. Il faut que l'équipe reste organisée, qu'elle fasse un travail identique. Qu'elle demeure aussi patiente. Même si nous ne marquons pas tout de suite.

– La Suisse devra prendre le jeu en main, attaquer. L'équipe en a-t-elle les moyens?

– Je pense que oui, mais nous aurons une réponse plus précise mercredi. Nous devrons prendre des risques offensifs, c'est certain. Il faudra avoir la même approche, mais avec un esprit différent. Davantage tourné vers l'attaque. Ce sera à nous d'imposer notre façon de jouer.

– Quelles sont les clefs de la rencontre?

– Mettre du rythme, de l'engagement, beaucoup de mouvement. En Yougoslavie, nous devions gagner des duels défensifs, ici il faudra en gagner sur le plan offensif.

– L'équipe n'a pas de meneur de jeu, est-ce un handicap?

– La force de la Suisse a toujours été le groupe. Que ce soit au Mondial 94 ou à l'Euro 96, il n'y a jamais eu de meneur qui faisait la différence seul ou par des passes de génie.

– Il manque tout de même un buteur.

– Nous en avons. Chapuisat en est le meilleur exemple, mais aussi Frei et Yakin. Lonfat marque régulièrement en championnat suisse. Lombardo réalise des assists. Comme par le passé, les résultats de l'équipe nationale continueront de passer par le collectif.

– Tout autre résultat qu'une victoire serait un échec.

– C'est clair. Enzo Trossero le répète souvent: il faut faire le plein contre les deux équipes les plus faibles du groupe.