Pour le Bâlois, il s’agit d’une nouvelle grosse déconvenue. Tout avait pourtant bien débuté, Federer menant 5-1 après 20 minutes de jeu. Puis ce fut l’éclispe totale, avec une cascade de fautes directes (47 en tout), parfois grossières. C’est bien simple, on avait rarement vu un Federer aussi piteux sur un court de tennis. Et notamment sur son coup droit, son habituelle arme maîtresse.

Raquette cassée

Un épisode résume à lui seul la frustration de l’homme aux 13 titres du Grand Chelem: à 0-2 dans le set décisif, il fracassait sa raquette sur le sol avec une rare violence. Un geste que le Bâlois n’avait plus commis depuis des années.

Cet événement a été minimisé par le principal intéressé: «Ce n’est pas la première fois. Cela m’était déjà arrivé ici à Miami contre Nadal (défaite 6-3 6-3 au 3e tour en 2004). Je l’ai fait car je déteste perdre», a ajouté celui qui est pourtant un modèle de retenue et de fair-play.

Interrogé sur la rencontre, Federer s’est montré mi-amer, mi-ironique: «Novak a mal joué au début et j’ai fini pire que lui. J’ai eu du mal tout le match. Normalement, je parviens à gérer le vent. Mais comme rien ne fonctionnait aujourd’hui, cela s’est avéré très difficile.»

A quand un coach?

Ce n’est pourtant pas Djokovic, lui aussi sur une pente savonneuse, qui représentait la menace la plus dangereuse en Floride. Le vent, présent comme très souvent sur l’île de Key Biscayne, peut certes expliquer les tourments du Suisse. Impossible toutefois d’incrimer les seuls éléments extérieurs. Comme il l’a lui-même reconnu, Federer a trop de métier pour se laisser perturber par quelques bourrasques.

Le véritable problème demeure Federer lui-même. L’ex no 1 mondial n’en est pas à sa première défaillance cette année. Rien qu’en 2009, son parcours est entaché par deux autres black-out notoires: cinquième set de la finale de l’Open d’Australie contre Rafael Nadal, et dernière manche de la demi-finale d’Indian Wells face à Andy Murray il y a deux semaines.

Après cette nouvelle désillusion, Federer va-t-il enfin prendre la décision que tous les experts lui recommandent ? Va-t-il enfin s’attacher les services d’un coach digne de ce nom pour relancer la machine ? Lui seul détient la réponse.

Remise en question

A Key Biscayne en 1999, Federer avait aussi essuyé une élimination peu glorieuse (contre le Danois Kenneth Carlsen). Mais il n’avait que 18 ans à l’époque. Il avait dû ensuite travailler très dur avec ses entraîneurs successifs pour forger son incroyable palmarès. Aujourd’hui, une nouvelle remise en question s’impose.

C’est par exemple ce que pense Patrice Dominguez, le directeur technique national (DTN) français, cité il y a quelques jours par «L’Equipe»: «Tous les grands, comme Agassi, sont passés par cette phase où il faut se relancer en écoutant un discours différent. Mais tout seul, c’est trop dur, quels que soient son talent et sa rigueur (...) Roger doit absolument faire appel à un coach. Et vite.»