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Les femmes jugent trop dangereux le tracé de leur descente

Un méchant saut a envoyé une skieuse dans le décor et une autre à l'hôpital. La piste des Mondiaux à Bormio critiquée.

Le vent impétueux n'est pas le seul à avoir joué les perturbateurs, hier, lors du premier entraînement des descentes masculine et féminine des Championnats du monde de Bormio. Sur la piste de Santa Caterina, un méchant saut a provoqué des dégâts chez les dames. Lindsay Kildow a fait une «sortie de route» avant d'aller s'écraser dans l'espace réservé aux photographes. Si elle n'a heureusement pas été blessée, la jeune Américaine, en revanche, a vu les cloches. Sonnée, elle a mis dix minutes à se relever. Plus tard, victime de ce même saut, l'Allemande Isabelle Huber a raté sa réception et a été transportée à l'hôpital pour une blessure au genou.

Ces incidents ont suscité une levée de boucliers chez la majorité des skieuses qui jugent le tracé, et en particulier le fameux saut «Canaletto», trop dangereux. «On part très loin et très haut, on ne se sent pas à l'aise à son approche et on commence à paniquer un petit peu», avoue Janica Kostelic. «Il faut que les organisateurs le suppriment. Personne ne souhaite que des filles se blessent.» «Cela monte trop haut et l'aire d'atterrissage est trop plate», juge à son tour Anja Pärson, cinquième de l'entraînement. Même l'Italienne Isolde Kostner, spécialiste des épreuves de vitesse, juge ce saut trop périlleux: «Cela n'a pas de sens. Il n'y a jamais de saut comme celui-ci chez les femmes.» Si elle n'a éprouvé aucune frayeur à son passage, Nadia Styger, septième avant d'être disqualifiée pour être passée à côté de deux portes sur la partie finale, estime que «ce saut n'était pas super».

Seule l'Autrichienne Michaela Dorfmeister, auteur du meilleur temps du premier entraînement avec neuf dixièmes d'avance sur l'Allemande Hilde Gerg, ne trouve rien à redire et réfute les propos de ses adversaires: «Le saut était parfait pour moi. Il était long et haut, comme je les aime. Dans un Championnat du monde, il faut un saut comme celui-là.» S'il n'est pas modifié d'ici à dimanche, jour de la descente féminine, le «Canaletto» permettra aux plus téméraires de se hisser sur le podium.

Disqualifications en série

Côté messieurs, de violentes rafales ont contraint à une interruption momentanée de l'entraînement et, au dire de certains, faussé les résultats. Des résultats qui, par ailleurs, ont été chamboulés par une série de disqualifications, dont celles de Fritz Strobl, premier, et de Bode Miller, troisième. Argument avancé par les juges: combinaisons non conformes. Une décision qui, si elle aura fait jaser, ne portera pas à conséquence étant donné que le premier entraînement n'a aucune incidence sur l'attribution des dossards.

La bonne nouvelle de cette journée d'exercice mouvementée est la deuxième place de Bruno Kernen, qui confirme le retour d'un esprit de conquérant. S'offrir le luxe de terminer devant les cadors actuels de la discipline comme Bode Miller ou Michael Walchhofer a de quoi redonner confiance au Bernois. Lequel, comme le rappelle son entraîneur Patrice Morisod, a suffisamment l'habitude des grands événements pour répondre présent. Septième, Ambrosi Hoffmann s'est aussi qualifié. Le deuxième entraînement décidera qui de Didier Défago, Silvan Zurbriggen ou Jürg Grünenfelder obtiendra le troisième sésame.