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A Bahreïn, la FIFA sous la coupe de Gianni Infantino

Succès sur toute la ligne pour le président de la FIFA qui a fait passer tous ses projets de réformes. Tous ne vont pas dans le bon sens

Gianni Infantino, président de la FIFA. — © Ahmed AlFardan/EPA
Gianni Infantino, président de la FIFA. — © Ahmed AlFardan/EPA

A Bahreïn, où se tient le 67e congrès de la Fédération internationale de football (FIFA), Gianni Infantino poursuit la reprise en main d’une institution qu’il préside depuis février 2016. En quinze mois de règne, le nouveau président de la FIFA a fait passer son projet de Coupe du monde à 48 équipes et forcé le passage à l’apparition de l’arbitrage vidéo pour le Mondial 2018. Plus discrètement, il a contribué d’une manière parfois active aux élections régionales. Il est soupçonné d’ingérence dans l’élection du Malgache Ahmad Ahmad, élu président de la Confédération africaine après vingt-neuf ans de règne d’Issa Hayatou.

Le style de Gianni Infantino est bien différent de celui de Sepp Blatter. Le nouveau boss ne s’embarrasse pas de caresses dans le dos ni de formules onctueuses. Il n’est pas un séducteur mais un stratège. L’UEFA a ainsi admis s’être sentie contrainte de voter pour l’élargissement de la Coupe du monde à 48 équipes, de peur d’être par la suite lésée dans le partage des places.

Selon l’AFP, Gianni Infantino a fait le ménage depuis son élection avec plus de 80 départs à Zurich, «parfois assez brutaux», dans le but d’«asseoir son autorité et mieux contrôler» l’administration, selon une source interne.

Hommes du passé et du passif

A Bahreïn, il a obtenu mardi le non-renouvellement des deux chefs de la Commission d’éthique, le Suisse Cornel Borbély et l’Allemand Hans-Joachim Eckert. Ces deux juristes étaient des personnes jugées compétentes et intègres mais Gianni Infantino, très «mitterrandien», n’a pas hésité jeudi à en faire des hommes du passé et du passif. Ont-ils payé le fait d’avoir ouvert en 2016 une enquête préliminaire à l’encontre du président Infantino, procédure qui avait ensuite été classée?

Jeudi, le Congrès a nommé la magistrate colombienne Maria Claudia Rojas à la présidence de la chambre d’instruction et le Grec Vassilios Skuris, ancien président de la Cour européenne de justice, à la présidence de la chambre de jugement. Ces remplacements inquiètent beaucoup d’observateurs. «C’est un revers dans la lutte contre la corruption», qui signifie «de facto la fin des efforts de réforme de la FIFA», a déploré mercredi Cornel Borbély.

Le lendemain, Gianni Infantino a retourné la perspective avec un culot rare. «La nouvelle FIFA est une démocratie, pas une dictature, a-t-il assuré en ouverture du congrès. Nous reconstruisons la réputation de la FIFA après tout ce qui est arrivé.» Dénonçant «les fausses informations en vogue» et «le FIFA bashing qui est devenu un sport national», l’Italo-Suisse a taclé «les experts qui par le passé ont été grassement payés pour réformer la FIFA. Je n’accepterai pas de leçons de bonne gouvernance de gens qui ont échoué à protéger le football.»

Palestine: urgent d’attendre

Autre fake news, les mauvaises affaires de l’institution. Malgré des pertes pour un montant de 370 millions de francs en 2016, «les finances de la FIFA sont extrêmement solides». Et les comptes approuvés.

Par ailleurs, le Congrès a accepté à 93% la candidature commune des Etats-Unis, du Canada et du Mexique pour accueillir la phase finale de la Coupe du monde 2026. Si cela ne signifie pas encore que le trio nord-américain obtiendra l’organisation, on ne voit pas quelle candidature pourrait rivaliser. Une aubaine pour la FIFA, qui peut dès lors espérer que la justice américaine desserre un peu son étreinte dans ses investigations à Zurich.

Mission accomplie également sur le délicat dossier de la reconnaissance de la Fédération palestinienne (PFA) et ses conséquences (les six clubs israéliens implantés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, ce qui est contraire au règlement de la FIFA), puisque la FIFA a réussi à botter en touche. Un tour de passe-passe interne – ce n’est pas la compétence du Congrès mais du Conseil, lequel a besoin de plus de temps pour statuer – et le cas est reporté à mars 2018.