Selon l’AFP, Gianni Infantino a fait le ménage depuis son élection avec plus de 80 départs à Zurich, «parfois assez brutaux», dans le but d’«asseoir son autorité et mieux contrôler» l’administration, selon une source interne.
Hommes du passé et du passif
A Bahreïn, il a obtenu mardi le non-renouvellement des deux chefs de la Commission d’éthique, le Suisse Cornel Borbély et l’Allemand Hans-Joachim Eckert. Ces deux juristes étaient des personnes jugées compétentes et intègres mais Gianni Infantino, très «mitterrandien», n’a pas hésité jeudi à en faire des hommes du passé et du passif. Ont-ils payé le fait d’avoir ouvert en 2016 une enquête préliminaire à l’encontre du président Infantino, procédure qui avait ensuite été classée?
Jeudi, le Congrès a nommé la magistrate colombienne Maria Claudia Rojas à la présidence de la chambre d’instruction et le Grec Vassilios Skuris, ancien président de la Cour européenne de justice, à la présidence de la chambre de jugement. Ces remplacements inquiètent beaucoup d’observateurs. «C’est un revers dans la lutte contre la corruption», qui signifie «de facto la fin des efforts de réforme de la FIFA», a déploré mercredi Cornel Borbély.
Le lendemain, Gianni Infantino a retourné la perspective avec un culot rare. «La nouvelle FIFA est une démocratie, pas une dictature, a-t-il assuré en ouverture du congrès. Nous reconstruisons la réputation de la FIFA après tout ce qui est arrivé.» Dénonçant «les fausses informations en vogue» et «le FIFA bashing qui est devenu un sport national», l’Italo-Suisse a taclé «les experts qui par le passé ont été grassement payés pour réformer la FIFA. Je n’accepterai pas de leçons de bonne gouvernance de gens qui ont échoué à protéger le football.»
Palestine: urgent d’attendre
Autre fake news, les mauvaises affaires de l’institution. Malgré des pertes pour un montant de 370 millions de francs en 2016, «les finances de la FIFA sont extrêmement solides». Et les comptes approuvés.
Par ailleurs, le Congrès a accepté à 93% la candidature commune des Etats-Unis, du Canada et du Mexique pour accueillir la phase finale de la Coupe du monde 2026. Si cela ne signifie pas encore que le trio nord-américain obtiendra l’organisation, on ne voit pas quelle candidature pourrait rivaliser. Une aubaine pour la FIFA, qui peut dès lors espérer que la justice américaine desserre un peu son étreinte dans ses investigations à Zurich.
Mission accomplie également sur le délicat dossier de la reconnaissance de la Fédération palestinienne (PFA) et ses conséquences (les six clubs israéliens implantés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, ce qui est contraire au règlement de la FIFA), puisque la FIFA a réussi à botter en touche. Un tour de passe-passe interne – ce n’est pas la compétence du Congrès mais du Conseil, lequel a besoin de plus de temps pour statuer – et le cas est reporté à mars 2018.