La détection semi-automatisée du hors-jeu sera utilisée lors de la Coupe du monde au Qatar, annonce la FIFA
Football
Testée lors de compétitions mineures, la technologie transmettra automatiquement une alerte aux arbitres vidéo en cas de hors-jeu. Elle repose sur le suivi par caméras des joueurs sur le terrain et sur un ballon muni d’un capteur. Une animation 3D permettra de reconstituer la situation et expliquer la décision pour les spectateurs et téléspectateurs

La FIFA a annoncé vendredi 1er juillet dans un communiqué que la technologie semi-automatisée de détection du hors-jeu sera utilisée lors de la prochaine Coupe du monde, organisée du 21 novembre au 18 décembre au Qatar. Cette technologie «offre un outil de soutien aux arbitres vidéo et aux arbitres sur le terrain pour les aider à prendre des décisions plus rapides, précises et cohérentes sur les situations de hors-jeu», estime la FIFA.
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Les stades de la Coupe du monde au Qatar seront équipés de 12 caméras spéciales disposées sur les toits pour capturer les positions du ballon et des joueurs. Pour chaque joueur, 29 points de données (main, pied, genou, bras, tête, etc.) seront contrôlés 50 fois par seconde. Un capteur placé au centre du ballon enverra jusqu’à 500 données par seconde. Toutes ces données seront traitées en simultanée. Une alerte automatique sera transmise à la salle de visionnage vidéo – et non l’arbitre de terrain – à chaque situation de hors-jeu.
Une décision fiable en 25 secondes
Selon la FIFA, ce système supprimera le problème de la marge d’erreur, notamment dans la détermination du moment de départ du ballon. L’analyse automatique sera néanmoins vérifiée humainement par les arbitres vidéo, qui devront valider le moment de passe et la ligne de hors-jeu, avant d’en avertir l’arbitre central. Le processus devrait prendre 20 à 25 secondes, contre 70 en moyenne actuellement lors de cas limites.
Le rêve de la FIFA est d’aboutir un jour à un système aussi clair, rapide et indiscutable que la Goal-line technology, introduite lors de la Coupe du monde 2014 au Brésil, qui permet de déterminer si le ballon a entièrement ou non franchi la ligne de but. D’une marge d’erreur de 3 centimètres à ses débuts, le système est aujourd’hui fiable à quelques millimètres près. En cas de but, l’arbitre central est prévenu par une vibration dans sa montre au poignet.
Le système de détection du hors-jeu n’est pas encore aussi abouti mais est considéré comme suffisamment «objectif» pour proposer aux téléspectateurs et aux spectateurs une animation 3D reconstituant la situation litigieuse, sur le modèle de ce qui se pratique en tennis lors des «challenges» vérifiés par la technologie Hawk-Eye (qui équipe la très grande majorité des stades dotés de la Goal-line technology). Jusqu’ici, les personnes présentes dans les stades étaient les grandes oubliées de l’arbitrage vidéo, étant maintenues dans le black-out d’image le plus complet, parfois durant plusieurs minutes, FIFA et UEFA préférant ne pas diffuser de ralenti par peur de réactions hostiles du public.
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L’utilisation massive et accélérée de la technologie dans le football est l’un des chevaux de bataille de Gianni Infantino, le président de la FIFA, et de son responsable de l’arbitrage, l’ancien arbitre Pierluigi Collina. Considérant que la mise en place de la VAR durant la Coupe du monde 2018 en Russie avait été «une décision courageuse» et «un grand succès», Gianni Infantino est déterminé «à favoriser le recours à la technologie pour améliorer le football à tous les niveaux, et l’utilisation de la technologie semi-automatisée de détection du hors-jeu lors de la Coupe du monde 2022 en est un probant exemple.»
«La décision finale reviendra toujours à l’arbitre sur le terrain»
«Les tests ont été très fructueux et nous sommes convaincus que nous disposerons au Qatar d’un outil qui apportera une aide précieuse aux arbitres et arbitres assistants, afin qu’ils puissent prendre les décisions les plus justes possible, estime Pierluigi Collina, le président de la Commission des arbitres de la FIFA. Ce n’est cependant pas un «hors-jeu robotisé», comme le disent certains. La décision finale reviendra toujours aux arbitres et aux arbitres assistants sur le terrain.»
Ce système a notamment été testé l’an dernier lors de la Coupe arabe puis lors de la Coupe du monde des clubs. Trois équipes scientifiques se sont partagé le travail de mise au point de la technologie: le MIT Spor Lab a validé les tests en ligne et hors ligne, l’équipe TRACK de l’Université de Victoria a développé le suivi des membres et extrémités des joueurs, l’EPF de Zurich a fourni des informations supplémentaires sur les capacités technologiques des systèmes de suivi à caméras multiples.
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Ces prochains mois, d’autres tests seront effectués afin d’optimiser le système avant que des normes mondiales soient mises en place pour permettre à cette nouvelle technologie d’être utilisée dans le monde du football. Les détails techniques ainsi que le protocole de formation et d’utilisation seront présentés lors du séminaire des équipes qualifiées qui se tiendra les 4 et 5 juillet à Doha, puis communiqués au public.