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«Enfin on accorde de l’importance aux émotions!»

L’Union royale belge des sociétés de football (URBSFA) travaille depuis deux ans avec Education 4 Peace sur la gestion des émotions. Le directeur de l’école des entraîneurs belges détaille cet engouement

Image d’illustration: l’équipe de Monaco célébrant un but marqué contre l'Estac Troyes , le 9 décembre dernier, à Monaco. — © Pascal Della Zuana/Icon Sport/Agence Nice Presse
Image d’illustration: l’équipe de Monaco célébrant un but marqué contre l'Estac Troyes , le 9 décembre dernier, à Monaco. — © Pascal Della Zuana/Icon Sport/Agence Nice Presse

L’Union royale belge des sociétés de football (URBSFA) travaille depuis près de deux ans avec Education 4 Peace. Elle fait intervenir Mark Milton et distribue le livre qui accompagne la méthode à ses entraîneurs du brevet C (le football de base). «Nous sommes en passe de l’intégrer dans la formation du niveau B (le football à 11)», nous explique par téléphone Kris Van der Haegen, directeur de l’école des entraîneurs.

Lire aussi:  Et si le football apprenait à maîtriser ses émotions?

Le Temps: En quoi cette approche vous semble-t-elle pertinente?

Kris van der Haegen: Enfin on accorde de l’importance aux émotions! Si l’on observe le monde du football, on constate que la plupart des tensions et des problèmes sont liés à une mauvaise gestion des émotions. D’où l’intérêt de travailler dessus. Et ce qui est vraiment fantastique, c’est que c’est utile pour toutes les parties prenantes: joueurs, entraîneurs, dirigeants, parents… Cela va bien au-delà du fair-play; travailler sur la maîtrise des émotions, c’est ajouter une cinquième compétence. Pendant des années, nous ne nous sommes focalisés que sur les quatre autres: la technique, le physique, la tactique, le mental.

– L’attitude influe-t-elle sur la performance?

– Je ne peux pas démontrer que cela a un lien direct, mais j’en suis convaincu à 100%. Il y a des recherches qui établissent que l’on est plus performant lorsque l’on est bien dans sa peau. On a trop créé un contexte de stress autour des jeunes. Les enfants ont l’air paralysés par les entraîneurs et les parents. Il faut au contraire développer un climat propice à l’apprentissage.

– D’où vient cette prise de conscience?

– D’une option prise il y a 15 ans chez nous: c’est l’enfant qui doit être au cœur du projet, pas le coach. Longtemps, l’entraîneur s’est cru au centre, et c’était aux joueurs de suivre. Mais la société a changé et l’on doit suivre cette évolution. Si le coach a en face de lui 16 individus différents, à lui de trouver un chemin pour impliquer tout le monde. Nous essayons de faire progresser chaque individu pour améliorer le collectif, parce que, si l’on se focalise sur l’individu, celui-ci va devenir acteur de son propre développement. Il progressera davantage et plus en interconnexion avec ses coéquipiers. Le football est un sport très complexe où, à chaque seconde, les joueurs prennent des décisions individuelles basées sur leur perception de l’équipe.

– La Belgique est longtemps passée à côté des joueurs issus de son immigration. C’est pour ces jeunes de grand talent mais parfois difficiles à gérer que vous avez modifié votre approche?

– Il n’y a pas de jeunes difficiles. Il y a parfois un contexte difficile. Mais si vous montrez que vous respectez le joueur, que vous êtes intéressé par lui, que vous cherchez à le comprendre et à le faire progresser, il va se créer une connexion, par laquelle l’apprentissage pourra se faire. C’est à l’entraîneur de le comprendre et de le permettre.