Le Milan AC disputera seulement le troisième tour préliminaire de la Ligue Europa les 27 juillet et 3 août, mais son début de mercato est proche du niveau de la Ligue des champions.

Alors que le marché n’ouvre officiellement en Italie que le 1er juillet, le club lombard a déjà dépensé 99 millions d’euros: 28 millions pour l’Ivoirien Franck Kessié (prêt avec obligation d’achat) – révélation de la Serie A avec l’Atalanta –, 18 millions pour le taulier argentin de la défense du Villareal, Mateo Musacchio, 15 millions pour le Suisse Ricardo Rodriguez, pisté par plusieurs clubs, et surtout 38 millions pour l’attaquant de Porto, André Silva, un des buteurs les plus prometteurs de sa génération. Vendu en avril à Rossoneri Sport Investment Lux, un groupe d’investisseurs chinois, après avoir passé trente et un ans entre les mains de Silvio Berlusconi, le club italien débute donc sa nouvelle ère avec des ambitions très élevées.

Des centaines de millions de dette

Pourtant, tout n’est pas rose pour les rossoneri et leur propriétaire, Li Yonghong. Les finances ne se portent pas aussi bien que le mercato veut le faire croire. D’après La Gazzetta dello Sport, le groupe chinois devra éponger 190 millions d’euros de dettes laissées par Berlusconi. S’y ajoutent 303 millions à haut taux d’intérêt, prêtés par le fonds d’investissement américain Elliott pour permettre le rachat.

En décembre 2016, déjà dans une situation délicate, l’AC Milan avait proposé un voluntary agreement à l’UEFA. Une première en Europe. Introduite en 2015, cette mesure autorise l’endettement du club qui s’engage à respecter les critères du fair-play financier à long terme. En somme, il doit présenter un business plan viable mais peut continuer à dépenser. Il faut simplement que les comptes soient équilibrés à la fin du délai négocié. Une condition sur trois est nécessaire pour activer la procédure, le club lombard en remplit deux. Il est qualifié pour une compétition européenne sans y avoir participé la saison précédente, et il a subi un changement significatif dans sa propriété dans les douze mois précédant la mise en application.

Etre convaincant à Nyon

En cas de problèmes liés au fair-play financier, il existe une autre mesure, un accord à l’amiable avec l’UEFA sur le montant et la teneur des sanctions: le settlement agreement. Dans ce cas, ce n’est plus le club qui propose mais l’UEFA qui impose. La durée de cet accord s’étend sur les trois saisons suivant sa signature. Le PSG et Manchester City, qui ont signé cet accord en mai 2014, viennent d’en sortir. L’AS Roma et l’AS Monaco continueront jusqu’à la fin de la saison 2017-2018. L’Inter de Milan sera, elle, soumise à cet accord jusqu’en 2019. Le 9 juin dernier, c’est le FC Porto qui a conclu un settlement agreement avec l’UEFA jusqu’en 2021. Comme sanctions initiales, le club portugais devra payer 700 000 euros d’amende, aura des restrictions pour son mercato et ne pourra insérer que 22 joueurs sur les 25 possibles dans les compétitions européennes la saison prochaine.

Vendredi dernier, sur son site officiel, l’AC Milan indiquait qu’il avait décidé de retirer sa première demande de voluntary agreement, afin d’en présenter une nouvelle version qui sera étudiée avec l’UEFA à l’automne 2017. Comme pour la draft au basket, les rossoneri n’ont droit qu’à une seule chance. L’entente qui s’ensuivrait produirait ses effets à partir de la saison 2018-2019. Si l’instance du football européen rejette le dossier milanais, les sanctions tomberaient donc dans deux saisons. Contacté, le directeur général de la Lega Serie A, Marco Brunelli, n’a pas souhaité commenter. Les rossoneri peuvent dépenser à tout va dans ce mercato mais devront se montrer convaincants à Nyon cet automne.

La Chine comme eldorado

Pour satisfaire aux exigences de l’UEFA, Li Yonghong a présenté un business plan très ambitieux. Il Sole 24 Ore, quotidien d’information économique et financière, a pu obtenir des chiffres, provenant d’un projet interne de l’AC Milan, repris par La Gazzetta dello Sport. Les recettes devraient quasiment tripler, passant de 196 à 524 millions pour la saison 2021-2022. Dès la prochaine saison, l’argent venant de Chine représenterait 90 millions, puis 183 en 2018-2019, et enfin 225 en 2021-2022. L’enseignement du football dans les écoles chinoises ainsi que l’ouverture d’un siège dans une ville du pays feraient partie des sources de financement.

Etant donné le contexte morose du football italien, les rossoneri ont tout intérêt à se tourner vers le marché chinois. L’appel d’offres pour l’attribution des droits TV de la Serie A pour la période 2018-2021 a été repoussé à la fin d’année. Au total, le montant minimum prévu pour les offres était d’un milliard d’euros, comprenant l’ensemble des canaux de diffusion. Seuls 600 millions ont été offerts. En comparaison, Sky et Mediaset avaient payé 946 millions d’euros pour la période 2015-2018. Samedi dernier, Sky a proposé 495 millions d’euros alors que Mediaset a préféré s’abstenir jugeant l’appel d’offres «inacceptable, car pénalisant une grande partie des tifosi, qui seront contraints d’adhérer à une unique offre commerciale». Pour les retransmissions sur Internet, même problème. Au lieu des 200 millions prévus, la société Perform en a proposé la moitié. Ce renvoi est aussi de mauvais augure pour les clubs qui tirent une grande partie de leurs recettes actuelles des droits TV.

Retour en Ligue des champions dès 2018-2019

Le business plan de l’AC Milan table sur le retour du club en Ligue des champions dès la saison 2018-2019. Une ambition réalisable car, dès 2018, les quatre premières équipes italiennes de la Serie A seront qualifiées directement. La dernière apparition des rossoneri dans la compétition, qu’ils ont remportée sept fois, remonte à la saison 2013-2014. Leur dernier trophée est la Supercoupe d’Italie 2016 qu’ils ont disputée sans même avoir remporté la Coupe d’Italie. En championnat, la sixième place obtenue cette année est le meilleur classement depuis trois ans. Le dernier scudetto du Milan, avant le monopole de la Juve, remonte à 2011. L’équipe alignait alors Ibrahimovic, Ronaldinho ou Pirlo. Des noms bien plus ronflants que ceux recrutés en cette fin de printemps.