Pour l’Ajax, un été en pente raide
Football
Héros du printemps européen, l’Ajax Amsterdam repart de presque tout en bas ce mardi au troisième tour qualificatif de la Ligue des champions

Les grands championnats européens vont bientôt reprendre, ce week-end en Angleterre et en France, la semaine prochaine en Espagne et en Allemagne, la suivante en Italie. Mais pour le Real Madrid, Liverpool, le Bayern Munich ou le PSG, rien ne se jouera vraiment avant février 2020 et le début de la phase à élimination directe de la Ligue des champions. Pour l’Ajax Amsterdam en revanche, tout se joue déjà en ce mois d’août.
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Mardi 6, les champions des Pays-Bas se déplacent à Salonique contre le PAOK pour le match aller du troisième tour qualificatif de la Ligue des Champions 2019-2020. Match retour prévu le 13 août à Amsterdam. Lundi 5, le tirage au sort des barrages, dernière étape avant la phase de poules, a eu lieu au siège de l’UEFA à Nyon. En cas de qualification, l’Ajax affrontera en matchs aller-retour le vainqueur de APOEL Nicosie-Karabag (20 ou 21 et 27 ou 28 août).
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La révélation européenne de la saison 2018-2019, l’équipe qui a tenu tête au Bayern Munich, surclassé le Real Madrid, éliminé la Juventus, failli accéder à la finale, repart aujourd’hui de presque tout en bas. Marc Overmars, son directeur sportif, avait raison, en avril dernier dans une interview au Temps, de décrire l’Ajax Amsterdam comme «un club historiquement grand mais financièrement petit». Quatrième club européen à l’indice européen sur la saison 2018-2019, mais représentant d’un championnat seulement classé onzième par l’UEFA, l’Ajax est à peine mieux loti que le FC Bâle (tombeur du PSV Eindhoven au premier tour, opposé à Linz mercredi, promis ensuite au Cercle Bruges ou au Dynamo Kiev) mais moins protégé que Young Boys (directement qualifié pour les barrages, face à l’Etoile Rouge Belgrade ou au FC Copenhague).
Ventes et gains record
Sa saison magnifique ne lui a donné aucun passe-droit et seul son titre de champion des Pays-Bas (le premier depuis cinq ans) lui a permis de s’épargner un tour de qualification par rapport à la saison dernière. Les Ajacides avaient successivement éliminé Sturm Graz, le Standard de Liège et le Dynamo Kiev avant d’accéder à la phase de poules. Eliminés en demi-finale, ils avaient disputé 18 matchs européens (10 victoires, 6 nuls, 2 défaites), cinq de plus que Liverpool et Tottenham. Ce périple leur a rapporté près de 80 millions d’euros de l’UEFA (15,25 millions de participation, 42,8 millions de performances, 18,8 de primes «par coefficient», 3 millions environ de droits télé).
L’Ajax joue donc très gros. Et défendra ses chances sans ses deux meilleurs joueurs. Sans surprise, Frenkie de Jong (Barcelone, 75 millions d’euros) et Matthijs de Ligt (Juventus, 85 millions) ont été cédés aux plus offrants. Lasse Schöne est en partance pour le Genoa. Donny van de Beek et Hakim Ziyech pourraient suivre prochainement. Le transfert du premier au Real Madrid est lié au départ de Manchester United de Paul Pogba, Everton ferait le forcing pour le second, le marché des transferts anglais ferme jeudi 8; là aussi tout se jouera début août.
Condamné au sans-faute
Les dirigeants de l’Ajax ont anticipé ces départs en recrutant très tôt leurs successeurs. Réputé peu dépensier, Marc Overmars a lâché 56 millions d’euros pour l’attaquant Quincy Promes (Séville, 15,7 millions), le milieu Razvan Martin (Standard, 12,5 millions), les défenseurs Edson Alvarez (América, 15 millions), Lisandro Martinez (Defensa, 7 millions) et Kik Pierie (Heerenveen, 5 millions). L’entraîneur, Erik ten Hag, est toujours là, et avec lui la promesse d’un football audacieux et conquérant.
En ce début août, l’Ajax en est là: si le club ne s’est pas trompé dans son recrutement, si d’autres départs ne viennent pas encore affaiblir l’effectif, si l’équipe passe ses deux tours de qualification, si la mayonnaise prend rapidement dans le vestiaire, bref si tout se déroule à la perfection, il aura à nouveau le droit d’aller chatouiller les grands d’Europe. Cela fait beaucoup de «si». Trop pour un club en quête de visibilité et de stabilité. L’Ajax Amsterdam milite donc logiquement pour une Ligue des champions réformée, élargie mais semi-fermée, où sa place ne tiendrait plus du miracle renouvelé.