Guimarães, son château, son palais des Ducs, sa télécabine vers la colline de Penha… et partout, ses drapeaux anglais. Sur les murs des bâtiments historiques, sur les ornements des fontaines, sur les tables en bois disposées devant les troquets. Jeudi, entre 15 000 et 20 000 supporters des Three Lions ont animé le centre coquet de cette petite ville située à 50 kilomètres au nord de Porto de leur bonne humeur bruyante, en attendant la deuxième demi-finale de la Ligue des nations, qui opposait leur équipe favorite à celle des Pays-Bas.

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La bière coulait à flots et la gueule de bois sera terrible: leurs favoris se sont inclinés 3-1 contre une formation néerlandaise qui a su faire la différence en prolongation, après avoir été menée au score. Elle rejoint ainsi le Portugal en finale, une rencontre prévue dimanche soir au stade du Dragon. L’Angleterre et ses supporters seront pour leur part de retour à Guimarães quelques heures plus tôt pour affronter la Suisse, avec en jeu une troisième place très anecdotique, mais la petite ville risque bien de se transformer une nouvelle fois en territoire britannique pour quelques heures. Et ce n’est pas à Porto que l’on va s’en plaindre.

Incidents à Porto

Des incidents y sont survenus mercredi soir au centre-ville, pendant le match entre le Portugal et la Suisse. La police nationale – qui a mobilisé 9000 hommes dans le cadre du Final Four – fait état d’une échauffourée entre supporters, avec des jets de bouteilles, puis de heurts avec les policiers qui, matraque à la main, ont dispersé la foule, et enfin de deux arrestations. Jeudi matin, les images tournaient en boucle sur les chaînes locales d’infos en continu, qui n’hésitaient pas à parler de «chaos» et autres termes apocalyptiques.

La Football Association anglaise, embarrassée, a rapidement condamné les débordements observés. «Quiconque y a été mêlé ne peut pas être considéré comme un vrai supporter de l’Angleterre et n’est pas le bienvenu dans le football. Ils ont embarrassé l’équipe et des milliers de fans bien élevés qui soutiennent l’Angleterre de la meilleure des façons.» A Guimarães, il ne semble pas s’être produit d’incidents comparables, malgré l’impressionnant déploiement des fidèles des Three Lions et leur déception sportive.

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Sur le terrain aussi, ce sont les Anglais qui ont tiré les premiers par l’intermédiaire de Marcus Rashford. L’attaquant de Manchester United, aligné en pointe, a provoqué un penalty qu’il a transformé lui-même après une demi-heure de jeu. Son équipe paraissait sereine et solide, tandis que ses adversaires peinaient à se montrer dangereux. Les supporters avaient de bonnes raisons de relancer un God Save the Queen à la mi-temps.

But anglais annulé

Les Pays-Bas sont revenus dans le match grâce à Matthijs de Ligt, le défenseur prodige de l’Ajax que les médias spécialisés mercato annonçaient proche de signer au PSG jeudi après-midi. D’une tête à la réception d’un corner, il a remis les deux équipes à égalité à la 73e minute de jeu. L’Angleterre pensait avoir réussi à passer l’épaule à la 83e, lorsque Jesse Lingard trompait le gardien Jasper Cillessen à bout portant, mais l’arbitre Clément Turpin invalidait le but pour hors-jeu après avoir recouru à l’assistance vidéo.

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En prolongation, ce sont les Pays-Bas qui ont fait la différence en profitant d’abord d’une erreur défensive de John Stones, puis en classant l’affaire grâce à Quincy Promes. Il restait encore six minutes à jouer, mais les joueurs anglais n’ont pas cru à une «remontada» davantage que leurs supporters. Au coup de sifflet final, ils étaient déjà nombreux à avoir décroché leurs drapeaux et quitté les lieux. Sans doute pour profiter encore un peu du charme de Guimarães.