L’équipe de Suisse confirme son statut contre Israël
Football
La Nati a remporté son deuxième match qualificatif pour l’Euro 2024 sur le score de 3-0. Une nouvelle prestation tout en maîtrise, après celle livrée il y a trois jours contre la Biélorussie. En ira-t-il de même lors des prochaines rencontres?
Dans le film Un jour sans fin, le présentateur météo Phil Connors se retrouve bloqué à revivre éternellement le 2 février, jour de la marmotte à Punxsutawney (Pennsylvanie). L’équipe de Suisse de football est-elle engagée dans une séquence d’une année où elle va sans cesse donner l’impression de rejouer le même match?
Trois jours après avoir dominé facilement la Biélorussie à Novi Sad (Serbie), elle s’est imposée un peu plus timidement au Stade de Genève contre Israël (3-0), grâce à des buts de Ruben Vargas, Zeki Amdouni et Silvan Widmer. Mais on distingue déjà le motif, le schéma qui risque de se reproduire contre ses autres concurrents dans la course qui doit la mener à l’Euro 2024 en Allemagne.
La sélection d’Israël, comme celle de Biélorussie avant elle, et vraisemblablement celles d’Andorre, du Kosovo et de la Roumanie ces prochains mois, a opposé à la domination annoncée de la Nati un bloc bas, des offensives timides et des replis rapides. La Suisse est favorite, elle le sait, tout le monde le sait, et un point qui lui serait chipé serait un bon point en vue de la deuxième place du groupe I. Alors face à elle, on travaille dur à ne pas prendre de but et on n’essaie d’en marquer que si cela n’implique pas de trop se découvrir.
Zeki Amdouni encore
Le problème de ce plan, c’est qu’il tient jusqu’à l’ouverture du score. Après? Il s’agit d’inventer autre chose, et cela implique souvent de laisser des brèches s’ouvrir. Rapidement menée, la Biélorussie fut contrainte à jouer pour limiter la casse. A Genève, Israël a tenu plus longtemps: sa bonne organisation a longtemps contenu l’équipe de Suisse, incapable de trouver des espaces entre les lignes. Murat Yakin avait souligné, avant le rassemblement, l’importance qu’aurait la capacité à provoquer, à éliminer en un contre un. Les attaquants suisses peinent encore un peu à s’y oser.
Cédric Itten, confirmé à la pointe du trident offensif, pensait avoir débloqué le match en obtenant un penalty à la 29e minute de jeu. Mais après recours à la VAR, l’arbitre a jugé que c’était lui qui avait fait faute sur le défenseur Neta Lavi. Retour au début du match sans fin.
La seconde phase du schéma s’est ouverte quelques minutes plus tard, au bout d’une jolie action collective entre Zeki Amdouni (centre), Remo Freuler (déviation de la tête) et Ruben Vargas (conclusion). Dans la foulée, le buteur lançait bien Amdouni, qui manquait de doubler la mise. Partie remise au retour des vestiaires, pour son deuxième but en trois sélections, chez lui, à Genève. Beau moment pour le prometteur attaquant du FC Bâle, âgé de 22 ans.
Le Nati était à l’abri, Israël se décourageait et Silvan Widmer inscrivait, de la tête, le troisième but dès la 52e minute de jeu. Il ne restait plus qu’à gérer la fin du match.
Drapeaux palestiniens dans les gradins
Cette victoire propre, sérieuse, construite en moins d’une heure, contraste avec l’historique des confrontations entre les deux sélections. En quatre matchs officiels, dans le cadre des éliminatoires vers les Coupes du monde 2006 et 2010, la Suisse n’avait jamais battu Israël (quatre nuls). C’est désormais le genre d’équipes contre lesquelles une défaite relèverait de la grosse surprise.
En attendant, il y a assez de concurrence au sein de l’équipe de Suisse pour que les onze joueurs sur le terrain ne donnent pas à voir le strict minimum au public. 14 819 «fidèles supporters» mardi, selon les mots du speaker, qui se souvient bien sûr que le Stade de Genève affichait complet (26 000 personnes) pour l’accueil du Portugal en juin dernier dans le cadre de la Ligue des nations.
A noter que la modeste cohorte de fans israéliens a fait face à une petite centaine de spectateurs agitant des drapeaux palestiniens. Au-delà du motif sportif qui se dessine, chaque match de cette campagne qualificative a son histoire géopolitique. Après le déplacement en Serbie pour affronter la Biélorussie interdite de matchs sur son territoire (et peut-être bientôt exclue du groupe par l’UEFA?), il y aura la double confrontation contre le Kosovo, particulièrement émotionnelle pour les binationaux des deux camps…
Tout en maîtrise qu’elle fût ces derniers jours, la Nati a tout intérêt à rester sur ses gardes. Spoiler alert: dans le film, Phil Connors finit par se réveiller le 3 février.
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