Au jeu des chaises musicales, Lucien Favre est allé plus vite que la musique. L’entraîneur vaudois (64 ans) a dirigé lundi matin la reprise de l’entraînement de l’effectif professionnel de l’OGC Nice, club de Ligue 1 où il officia de 2016 à 2018, alors que son contrat n’était toujours pas officiellement signé. Ce détail fut réglé dans l'après-midi, mais l'anecdote dit bien son envie de retrouver le terrain.

«Revenir à Nice est spécial, a justifié Lucien Favre lundi après-midi lors de sa présentation à la presse. Je garde un très beau souvenir de ma première expérience tant sur le plan sportif que sur le plan humain. Dès que la proposition de Nice est venue sur la table, je n'ai pas hésité.» Il faut dire qu'entre temps, l'OGC Nice a changé de catégorie depuis son rachat en 2019 par le groupe pétrochimique britannique Ineos.

Mais le propriétaire Jim Ratcliffe s’est jusqu'ici refusé à dépenser sans compter. Ce décalage contribua à placer ses premiers entraîneurs, Patrick Vieira puis Christophe Galtier, qui devrait signer au PSG, en situation délicate. Jim Ratcliffe a choisi Lucien Favre parce que «sa façon de faire évoluer ses équipes nous plait et correspond parfaitement au style de jeu que nous voulons pour l’OGC Nice», écrit-il dans une lettre adressée aux supporters du club.

«Le projet est énorme»

«Le projet porté par Ineos est énorme. D'ici deux ans, le club doit terminer parmi les trois premiers de la Ligue 1», se réjouit Lucien Favre, qui a obtenu des garanties. Le club recrutera et conservera ses des deux grands espoirs Khéphren Thuram et Amine Gouiri. Le Vaudois sera épaulé par deux adjoints qu'il a choisis, Christophe Moulin et Arjan Peco.

Il y avait déjà plusieurs jours que son retour sur la Côte d'Azur ne faisait plus de doute. La fin prématurée de l’expérience de Christophe Galtier, arrivé un an plus tôt avec une flatteuse réputation et un titre de champion de France conquis avec Lille au nez et à la barbe du PSG, a conduit les dirigeants niçois à rappeler le technicien avec lequel le club a écrit l’une des plus belles pages de son histoire récente. Lors de la saison 2016-2017, Lucien Favre avait mené Nice à la troisième place (derrière l’AS Monaco et le PSG), son meilleur classement depuis 1976.

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Depuis, Nice a changé

Ces résultats s’accompagnaient d’une qualité de jeu que le public niçois n’a plus retrouvé par la suite. Le Vaudois était en outre parvenu à tirer le meilleur du talentueux mais instable Mario Balotelli. Si la seconde saison niçoise de «Lulu» était moins brillante, son départ, à l’été 2018 pour le Borussia Dortmund, n’était pas vraiment le souhait du club azuréen.

Favre, de son côté, était courtisé par de nombreux clubs depuis la fin de son expérience à Dortmund en 2020. L’an dernier, il avait été très proche de s’engager avec Crystal Palace, avant de finalement renoncer, ne s’estimant pas encore prêt mentalement à reprendre du service. Il a eu, par ailleurs, la sagesse de ne pas succomber au mirage bordelais quelques semaines plus tard. Ce printemps, il a à nouveau refusé l’offre du Borussia Mönchengadbach, un autre de ses anciens clubs qui souhaitait le reprendre. «Le break que je me suis accordé après mes cinq ans Nice et à Dortmund était indispensable», a-t-il souligné, ne serait-ce que pour réfléchir, car «le football est en perpétuelle évolution».

Un trio reconstitué

A Nice, «Lulu» retrouvera deux personnalités dont il était très proche, le président Jean-Pierre Rivère et le capitaine Dante, qui était déjà sous ses ordres en 2011 à Gladbach. Ses relations étaient plus fraîches avec le directeur sportif Julien Fournier, qui pourrait prochainement quitter le club. A Nice, on parle, pour le remplacer, de Dave Brailsford. L’ancien directeur sportif de l’équipe cycliste Ineos vient de réaliser un audit sur l'OGC Nice.

Club de proue de la flotte Ineos, qui a tenté en vain de racheter Chelsea ce printemps, l'OGC Nice collabore avec le Lausanne-Sport, tombé cette saison en Challenge League et désormais confié à Ludovic Magnin, l’un des «fils spirituels» de Lucien Favre.