Des ambitions, la Nati doit en avoir. Après avoir battu la France lors du dernier Euro et fait douter la «Roja» en s’inclinant uniquement aux tirs au but après un quart de finale frisant l’exploit, l’équipe de Suisse peut se permettre de rêver. En un an et demi, tant de choses ont changé. À commencer par le sélectionneur, Vladimir Petkovic tirant sa révérence pour laisser sa place à Murat Yakin. Et le style a changé, passant d’un jeu de possession tout en maîtrise au jeu de transition privilégié par le natif de Bâle.

Autant de virages qui ont parfois fait douter les cadres, Granit Xhaka le premier. Cependant, vendredi soir, la Suisse a montré que les rouages sont désormais bien en place. Et bien sûr, la presse nationale s’en réjouit. «Au moment où l’Allemagne va regarder la suite du Mondial devant sa télé, la Suisse jouera mardi soir contre le Portugal un huitième de finale. Un de plus. C’est désormais le minimum légal pour cette équipe qui a retrouvé des lumières, oublié sa part d’ombre, pour battre la Serbie et valider son ticket. Félicité de l’instant, on ne dira jamais assez combien c’est là l’exceptionnel et pas la norme. Ou alors c’est plutôt devenu la norme et c’est ce qui est exceptionnel», s’embrase Daniel Visentini dans La Tribune de Genève et 24 Heures.

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Oser plus que contre le Brésil

«Was für ein verrücktes Spiel!», s’enthousiasme pour sa part le Tages-Anzeiger, séduit par le jeu offensif de la Nati; en début de match, elle a déjà tiré trois fois contre le but des Serbes alors que moins d’une minute s’est écoulée depuis le coup d’envoi. «C’est trois tirs de plus qu’ils n’ont pas réussi contre le Brésil en 95 minutes», constate le quotidien alémanique, lequel relève que l’équipe nationale «accède à sa cinquième phase à élimination directe consécutive dans un tournoi majeur.»

Toujours dans le Tages-Anzeiger, le trio de journalistes auteurs de l’article analyse le jeu offensif proposé par le buteur Breel Embolo et ses pairs. «Ils mènent 1-0 car Xherdan Shaqiri livre une nouvelle fois ce dont la Suisse attend de lui. On s’attendait désormais à les voir faire ce qu’ils avaient fait avec tant de dévouement contre le Cameroun et le Brésil: défendre, minimiser les risques, empêcher les buts encaissés. Mais ce soir-là, pour la première fois dans cette Coupe du monde, la Suisse n’est pas entrée dans le stade avec l’envie de calculer.» À l’instar des autres médias, le «Tagi» est obligé de rappeler que tout n’a pas non plus été parfait, les deux buts encaissés étant offerts sur un plateau par le numéro 8 Remo Freuler.

Il ne faut toutefois pas oublier que «durant neuf minutes, l’équipe de Suisse se voyait faire ses valises et regagner la Suisse» rappelle Valentin Schnorhk sur le site du Matin.ch. Car oui, après avoir démarré en fanfare, la Nati s’est fait rejoindre puis dépasser sans qu’on ne puisse le voir venir. «Ainsi commençaient ces neuf minutes. Ainsi l’on pouvait s’imaginer les pires scénarios: moins de dix minutes, cela suffit à cogiter. Le mérite de la Suisse, c’est d’avoir pris ce temps pour retrouver des certitudes. Dans ces moments-là, si l’on improvise, c’est pour revenir à ce que l’on sait faire de mieux. Exemple parfait: Granit Xhaka de retour devant la défense, parce que c’est là qu’il est le meilleur en équipe de Suisse et c’est là que l’équipe de Suisse en profite le mieux.»

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Qui d’autre que «Shaq»?

S’appuyer sur ses cadres! Voici ce que la Nati avait de mieux à faire. Comment ne pas relever la performance de «Shaq», impliqué sur les trois réussites helvétiques? «Xherdan Shaqiri est le plus grand joueur de l’histoire de l’équipe de Suisse», ose même titrer Ugo Curty dans les colonnes de Blick.ch. Ce goal lui permet au passage de rejoindre les géants Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, les seuls deux autres joueurs à avoir marqué lors de chacune des trois dernières Coupes du monde, selon les statistiques d’Opta. «C’est simple, Xherdan Shaqiri a inscrit neuf buts (pour quatre passes décisives) dans les cinq dernières participations de la Nati au Mondial et à l’Euro», analyse l’expert du Blick en rappelant que le joueur des Fire de Chicago est impliqué sur 13 des 27 réussites suisses dans les grands tournois.

Plus bas dans sa chronique, le journaliste sportif salue également le choix d’avoir sorti le joueur d’origine kosovare, au moment où les premières tensions avec les Serbes apparaissaient. Watson.ch se souvient «qu’il y a quatre ans en Russie, les célébrations suisses contre la Serbie, et surtout la polémique qui s’était ensuivie, avaient coûté beaucoup d’énergie aux Helvètes» et que «la Nati était ensuite apparue émoussée contre la Suède et avait fini par être éliminée sans gloire au stade des 8es-de finale.»

Vendredi soir, il y a bien eu quelques provocations mais cette année, «les manifestations de joie des buteurs (Shaqiri, puis Embolo et Freuler) ne devraient pas créer de nouvelle affaire, estime Watson. En revanche, le Tages-Anzeiger craint une procédure à l’encontre du capitaine Granit Xhaka «qui a attrapé un joueur au col» après quelques invectives échangées avec le banc serbe.

Place au Portugal

En attendant, on ne peut que se réjouir que la Suisse poursuive son aventure au Qatar. «Nous aurons notre chance face au Portugal, ce sera un match ouvert. Nous voulons écrire l’histoire!», promet Murat Yakin au micro de la RTS.

Face au Portugal, le pays vibrera dans tous les cas, écrit La Liberté en rappelant les liens forts entre les deux pays qui s’affronteront mardi soir. Une chose est sûre: «Peu importe le vainqueur, les cortèges de voitures animeront tout le canton», conclut le quotidien fribourgeois.

Une précédente revue des médias: Football: et à la fin, c’est l’Allemagne qui ne gagne plus

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