Euro 2016
Fourgons, voitures de police banalisées, gilets pare-balles: à Montpellier, où est basée l’équipe de Suisse, le dispositif illustre le défi sécuritaire de l’Euro

En vue de l’Euro, l’équipe de Suisse de football est arrivée en France parmi les premières. Lundi, à peine descendus de l’avion qu’ils avaient pris à Zurich, Vladimir Petkovic et ses hommes ont pris le chemin du stade de la Mosson, à l’ouest du centre-ville, pour le seul entraînement ouvert au public prévu jusqu’à la fin du premier tour. Il y avait un peu de monde, quelques centaines de personnes, beaucoup de gamins enthousiastes et de jeunes fans de football curieux. Et, aux abords de l’enceinte où le Montpellier Hérault Sport Club dispute ses matches, un dispositif conséquent qui rappelle les enjeux sécuritaires de l’événement.
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Fourgons, voitures de police banalisées, gilets pare-balles sous le soleil du Sud. Pour entrer dans le stade où l’entraînement commencera dans quelques minutes, il faut un billet, gratuit. Les journalistes doivent présenter une accréditation générale pour la compétition, attribuée par l’UEFA, ou, au moins, un laissez-passer délivré par l’Association suisse de football. Dans tous les cas, le personnel de sécurité fouille consciencieusement chaque visiteur. Chaque poche, chaque sac. Il faut montrer patte blanche.
En 2004, on entrait à l’hôtel comme dans un moulin
Ceux qui suivent l’équipe nationale depuis des années se rappellent qu’à l’Euro 2004, au Portugal, on entrait à l’hôtel des joueurs comme dans un moulin. A Montpellier, il n’en est rien. Au Vichy Spa Hôtel, situé sur le territoire de la commune voisine de Juvignac et privatisé par la Nati, ne déambule pas qui veut. Pas la peine, pour les journalistes, d’essayer de s’y faufiler en quête de quelques minutes d’interview à la volée. «Ce sont des consignes de l’UEFA. Nous n’organiserons aucune activité de presse à l’intérieur de l’hôtel», confirme Yannick Rappan, de la cellule communication de l’équipe.
Dès mardi, lorsque la Nati travaillait ses gammes sur la pelouse à raison de deux séances par jour, les abords de la Mosson étaient beaucoup plus calmes et les forces de sécurité moins visibles, mais bien présentes. Ici, une voiture pleine d’hommes prêts à intervenir. Là, des agents attentifs à ce que personne n’escalade les barrières pour pénétrer à l’intérieur de l’enceinte. Quant aux médias, ils doivent chaque jour respecter le même rituel: assister aux quinze premières minutes de l’entraînement du matin, puis se replier dans les entrailles du stade en attendant la fin de la séance et la conférence de presse quotidienne. Evidemment, à ce moment-là, il est bien davantage question de garder secrets les plans sportifs de l’équipe, que de sécurité au sens propre.
Comme l’Afrique du Sud et le Brésil
En la matière, les officiels de l’ASF ne se formalisent d’ailleurs pas des consignes à observer. «Elles ne sont pas très différentes de celles qui prévalaient lors des Coupes du monde en Afrique du Sud (2010) et au Brésil (2014), remarque le secrétaire général Alex Miescher. Ce qui heurte peut-être davantage aujourd’hui, c’est qu’il faut désormais les appliquer aussi en Europe. Comme nous avons manqué l’Euro 2012 en Pologne et en Ukraine, nous n’avons pas ce point de repère pour mesurer l’évolution.»
En plus de son responsable de la sécurité, l’équipe de Suisse a fait appel à un spécialiste des zones délicates, a révélé la «Tribune de Genève». De son côté, la Ville de Montpellier – qui héberge les équipes de Suisse et d’Italie – prend la situation très au sérieux, même si elle demeure moins exposée que si elle accueillait des matches de la compétition ou une fan-zone. «Nous avons pris les mesures nécessaires, avec des policiers et aussi des agences privées», rassurait le maire Philippe Saurel en début de semaine, à l’heure de souhaiter la bienvenue à la Nati.
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Quant aux joueurs, même s’ils ont été sensibilisés à la situation par le staff de l’équipe nationale, ils ne montrent pas de signes particuliers d’inquiétude. «Franchement, pour nous, il n’y a pas de grande différence par rapport aux autres tournois», estimait mardi Gelson Fernandes, déjà présent aux deux dernières Coupes du monde. L’état d’alerte n’empêche pas les joueurs de se détendre – cartes, fléchettes, ping-pong – lorsqu’ils ne s’entraînent pas.
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