Football
Les terrains helvétiques accueillent des équipes de premier plan pour leur préparation estivale. Matchworld Group est l’une des sociétés les plus importantes dans le domaine. Elle organise le «festival des Alpes» dans les cantons de Vaud et Valais

Ce mercredi, l’AS Monaco et le Sporting Portugal s’affrontaient à Lausanne, dans le bucolique stade Juan-Antonio-Samaranch. Le match s’est déroulé dans une chaude ambiance, avec des tribunes largement acquises à la cause portugaise et des supporters qui ont d’ailleurs envahi le terrain à la fin de la rencontre, malgré la victoire des Monégasques (4-1). Une rencontre de préparation sans grand enjeu, mais pas sans intérêt pour le (nombreux) public: l’occasion était belle de voir à l’œuvre Radamel Falcao (auteur de deux buts) et Islam Slimani, attaquants stars des sélections colombienne et algérienne, ou encore la pépite portugaise Bernardo Silva.
Ce n’était pas la seule fois que l’on pouvait admirer des vedettes du ballon rond en Suisse romande avant la reprise des championnats internationaux. Dans le cadre du Festival de football des Alpes, qui se déroule jusqu’au 19 juillet, plusieurs équipes prestigieuses s’affrontent dans la région dans des matches de préparation: Monaco et le Sporting, mais aussi Lyon, Saint-Etienne, le Zénith Saint-Pétersbourg et le PSV Eindhoven. Une liste à laquelle il faut ajouter Sion, Lausanne et Bâle. Ce samedi, la compétition portera bien son nom de festival puisque pas moins de quatre confrontations sont prévues: Lausanne reçoit Saint-Etienne à la Pontaise (19h), Sion affronte le PSV à Bagnes (17h) et, à Montreux, Bâle-Monaco (15h) sera suivi de Zénith-Sporting (19h).
En plus de venir disputer des matches, ces formations séjournent en Suisse (Saint-Etienne à Yverdon-les-Bains, Monaco et le Sporting Portugal à Lausanne, le PSV Eindhoven à Verbier, le Zénith Saint-Pétersbourg à Crans-Montana). Certains des plus grands clubs d’Europe ont lancé le mouvement par le passé. De 1994 à 2001, le Real Madrid a séjourné à Nyon, tout comme Arsenal en 1997, Porto en 1994 ou Marseille en 2004. Le Borussia Dortmund, de son côté, s’est installé à Kriens en 2002.
Si les clubs les plus «bankables» partent désormais effectuer des tournées en Asie ou en Amérique pour voir si les billets y sont plus verts ailleurs, la Suisse a conservé son pouvoir d’attraction. Avec une évolution: depuis quelques années, les clubs ont affaire à des agences de marketing sportif pour mettre en place leur stage. Matchworld Group est l’une des sociétés les plus importantes dans le domaine. C’est elle qui organise le Festival de football des Alpes et les stages des équipes participantes dans les communes vaudoises et valaisannes.
Contrôle total
A en croire Marc Biolley, directeur de Matchworld Group, les démarches peuvent être entamées à la fois par les clubs et par sa société. «Nous avons de fidèles clients, dont on connaît les attentes, et eux connaissent notre savoir-faire», indique-t-il. Les contacts de ses collaborateurs au sein des clubs: la direction concernant les négociations, puis l’intendant ainsi que le coordinateur sportif pour tout ce qui à trait à la logistique.
Une sélection s’opère toutefois dans le choix des équipes participantes. «Pour le Festival de football des Alpes, nous avons contacté des clubs du niveau de la Ligue des champions et de l’Europa League», précise-t-il. Concernant la prise en charge des équipes, Marc Biolley affirme que tout est sous le contrôle de la société d’organisation, avec l’appui des autorités politiques locales en ce qui concerne la sécurité et l’accueil des équipes: «Nous prenons tout en charge de A à Z: la commercialisation des matches et des droits TV, la sécurité, la billetterie.»
Pour ce faire, il faut tenir compte des exigences des différents clubs. «Ils ont un cahier des charges très précis et rien ne doit être laissé au hasard. L’hôtellerie, par exemple, est souvent 5 étoiles», précise-t-il. Tout est mis en œuvre pour satisfaire la volonté des clubs d’effectuer une préparation d’avant-saison optimale, dans des conditions et sur des infrastructures idéales. Pour Matchworld Group, l’objectif est naturellement de rentabiliser les compétitions et les stages organisés. «Le fait que des clubs aussi prestigieux participent ici assure des retours économiques. Comme c’est la toute première édition du Festival de football des Alpes, nous ne pouvons pas encore envisager quelles seront les retombées. Nous sommes dans une phase de développement.»
Auparavant, sa société organisait la Valais Cup, dans un seul canton et avec moins d’équipes. «Nous avions beaucoup investi au début, et la compétition est devenue rentable après trois ou quatre ans», explique Marc Biolley. Avec un nouveau format plus flexible, calqué sur les besoins des meilleures équipes européennes et pas seulement sur celles de Suisse, Matchworld Group change de dimension. «Les grands attirent les grands, donc la venue d’équipes prestigieuses joue forcément en notre faveur, et donnera envie à d’autres de venir par la suite.» Mais il tient à ajouter que sa société ne cherche pas «nécessairement» à être visible en tant que telle, puisqu’elle est déjà «l’un des leaders suisses dans le domaine de l’organisation sportive».
La Suisse, l’endroit idéal
Accessoirement, la venue de clubs professionnels met en valeur les communes hôtes et leurs infrastructures. Nicola Tracchia, patron du Beau Rivage qui accueillait le Real Madrid lors de ses séjours à Nyon, expliquait en 2001 à Swissinfo que les conditions de travail sont idéales en Suisse: «Le pays présente un climat idéal pour effectuer une préparation à l’intersaison. Parce qu’il fait chaud mais pas trop, durant la journée, en été. Et parce que les nuits sont fraîches. Ce type de météo permet aux athlètes de récupérer plus facilement. En Suisse, les terrains de football sont extrêmement bien entretenus. Et toutes les installations techniques des centres sportifs sont d’excellente qualité. Et puis, le calme que nous avons ici est salutaire pour les vedettes étrangères qui peuvent sortir incognito sur une terrasse de café.»
Quinze ans plus tard, rien n’a changé. Marc Biolley: «Nous insistons sur la bonne image de la Suisse en termes de sécurité, d’organisation. C’est un pays très beau et très agréable, ce qui attire les clubs en préparation.» Tout cela explique pourquoi la Suisse est si prisée par les clubs professionnels, aujourd’hui comme hier.