Les joueurs de l’équipe de Suisse sont arrivés au Portugal le cœur rempli de l’espoir de remporter un premier titre international. Une semaine plus tard, ils quittent le pays déçus, bons derniers du Final Four de la première Ligue des nations. Après d’être inclinés en toute fin de match en demi-finale (3-1 contre la Selecção de Cristiano Ronaldo), ils ont tenu le choc contre une Angleterre supérieure (sans être géniale) jusqu’à une séance de tirs au but pauvre en ratés. Mais il en fallait bien un, et cela aura été celui de Josip Drmic, dont la frappe – puissante et cadrée – a été détournée par le gardien Jordan Pickford.

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Il fut une époque, pas si lointaine, où une malédiction semblait s’abattre sur l’équipe d’Angleterre au moment de cet exercice fatidique, introduit pour la première fois en 1970. Elle s’y était inclinée six fois en autant de tentatives, trois fois en Coupe du monde (demi-finales en 1990 contre l’Allemagne de l’Ouest, huitièmes de finale en 1998 contre l’Argentine, quarts de finale en 2006 contre le Portugal) et trois fois à l’Euro (demi-finale en 1996 contre l’Allemagne, quart de finale en 2004 contre le Portugal, quart de finale en 2012 contre l’Italie). Mais elle s’est récemment délivrée du mauvais sort en battant le Colombie en huitièmes de finale du Mondial russe.

Pas de préparation spécifique

Ce n’est pas encore le cas de l’équipe de Suisse qui, elle aussi, est très malheureuse en la matière. Elle y a désormais été défaite trois fois en autant de tentatives. En huitièmes de finale du Mondial 2006, elle n’avait pas réussi le moindre de ses essais contre l’Ukraine. Au même stade de l’Euro 2016, elle s’était inclinée suite à un tir complètement raté de Granit Xhaka. Cette fois, le pied du capitaine n’a pas plus tremblé que ceux de Steven Zuber, Manuel Akanji, Kevin Mbabu et Fabian Schär, et il serait même cruel de dire que Josip Drmic a mal tiré… mais le résultat est le même.

«Pour être honnête, nous ne nous étions pas préparés spécifiquement pour cet exercice, a reconnu Vladimir Petkovic en conférence de presse d’après-match. Nous avons tiré quelques penalties, mais il est difficile de reproduire les conditions d’une séance de fin de match, où les joueurs ont 120 minutes de football dans les jambes et la pression de l’enjeu. La question est de savoir si les hommes le sentent à ce moment-là ou pas. Et en l’occurrence, il y avait beaucoup de volontaires dans l’équipe.»

L’Angleterre, elle, avait pris l’option de travailler les tirs au but plus spécifiquement. «Nous nous y étions préparés, oui, dès notre premier rassemblement voilà trois semaines», a validé le sélectionneur Gareth Southgate. «On savait que le titre pouvait peut-être se gagner à ce petit jeu», a lancé Jordan Pickford, élu homme du match après avoir effectué l’arrêt décisif, et inscrit lui-même le cinquième tir au but de son équipe d’une frappe surpuissante.

Défense à trois

Avant de faire la différence dans cette roulette russe version football, les Three Lions avaient déjà dominé la rencontre dans tous les domaines du jeu, de la possession de la balle (57%) au nombre de frappes cadrées (7 contre 2) en passant par les occasions de but franches. Le gardien Yann Sommer a été sauvé à trois reprises par ses montants, tandis qu’un but a été refusé à Callum Wilson pour une faute dans la construction de l’action, identifiée après recours à l’assistance vidéo à l’arbitrage. «Ce ne fut pas un match facile, a reconnu Vladimir Petkovic. Nous avons bien commencé, mais l’Angleterre a ensuite été la meilleure, notamment grâce à sa maîtrise du ballon.»

A Guimarães, le sélectionneur de la Suisse a aligné la meilleure équipe possible, sans toutefois se priver de quelques expérimentations. Pour la première fois, il a ainsi associé Nico Elvedi, Manuel Akanji et Fabian Schär au sein d’une défense à trois qui a plutôt bien fonctionné. Il a aussi profité de cette rencontre pour offrir une première sélection à Noah Okafor (FC Bâle), synonyme de choix de destin international pour ce jeune homme de 19 ans d’origine nigériane, qui ne pourra désormais plus jouer que pour la Nati.

Les vacances arrivent sur une note amère pour l’équipe de Suisse. Les défaites honorables ne font plus son affaire. «J’ai le sentiment que nous aurions mérité un peu mieux au vu de nos performances, soulignait Vladimir Petkovic en conclusion. Mais ces deux matchs au Portugal, contre d’excellentes équipes, auront été d’excellentes expériences dont il faudra profiter à l’avenir.»