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Le «walking football» fait ses premiers pas en Suisse

Très populaire en Angleterre, le «walking football» se développe peu à peu en Suisse. Cette variante du foot, où il est interdit de courir, fait partie des adaptations nécessaires à une population âgée désireuse de poursuivre une activité sportive

Le FC Forward Morges a crée une équipe de Foot Walking. Initiation le 12 septembre 2019. — © Cédric SANDOZ/La Côte
Le FC Forward Morges a crée une équipe de Foot Walking. Initiation le 12 septembre 2019. — © Cédric SANDOZ/La Côte

Il est un peu plus de 18h lorsque Luigi quitte le Parc des sports de Morges, un peu frustré. Son large sourire masque mal sa déception. Faute de participants, la séance d’initiation au walking football – ou «football en marchant» – n’aura finalement pas lieu. Ce sport, dérivé du foot traditionnel et très populaire en Angleterre (plus de 1000 clubs l’ont adopté), commence timidement à s’implanter en Suisse. Plusieurs démonstrations ont déjà eu lieu à Neuchâtel le mois dernier, en plus d’une première séance à Morges, le 11 septembre. Mais cette fois, la pluie en a décidé autrement. «Je reviendrai la prochaine fois! assure Luigi, ancien basketteur amateur âgé de 65 ans. J’ai arrêté le basket car j’étais trop vieux. Mais là, il n’y a pas besoin de courir, c’est idéal pour ma condition physique.»

Plutôt destiné aux personnes âgées, le walking football prend corps au sein d’une «société démographiquement vieillissante, mais qui veut rester active», relève Christopher Clark, responsable des seniors à l’Association neuchâteloise de football. Dans ce sport un peu insolite, les équipes sont mixtes et généralement constituées de cinq joueurs. Il y est formellement interdit de courir, d’engager un contact physique et d’élever le ballon au-dessus de la hanche. Le FC Forward-Morges est le tout premier club suisse à proposer cette discipline. «Nous ne voulions pas que des personnes se sentent exclues en raison de leur âge, explique son président, Sébastien Boillat. Vieillir ne doit pas empêcher de s’épanouir sportivement et socialement.»

Des joueurs de plus en plus âgés

Cette nouvelle offre s’accompagne d’une observation plus générale: la carrière des footballeurs amateurs s’étire de plus en plus. Sur les terrains, il n’est plus du tout rare de croiser des joueurs de plus de 40 ou même 50 ans pratiquant un football traditionnel en compétition. «Face à la demande, un championnat des seniors de plus de 50 ans a été créé dans le canton de Vaud il y a cinq ans, se rappelle Alain Trösch, adjoint au secrétariat de l’Association vaudoise de football. Nous avions démarré avec cinq petites équipes. Cette saison, nous avons pu en inscrire 25. Cette situation s’observe un peu partout en Suisse. Le nombre de licenciés augmente dans toutes les catégories, mais ils continuent à jouer plus longtemps qu’avant, parfois jusqu’à 65 ans.» Même constat dans le canton de Genève, où 51 équipes s’affrontent aujourd’hui parmi les plus de 40 ans, contre seulement 24 lors de la saison 2014-2015.

La création de catégories d’âge plus segmentées (plus de 30, plus de 40 et plus de 50 ans) est le principal vecteur de cette tendance. «Avant, quand les joueurs approchaient la quarantaine, ils n’avaient pas forcément envie de se frotter à des jeunes de 20 ans, estime Pierre, un ancien attaquant du FC Forward-Morges. Maintenant, ils peuvent continuer à faire partie de leur club en tant que joueurs et pas comme de simples bénévoles.» Selon les chiffres les plus récents de l’Association suisse de football, 25 765 des 308 540 licenciés des clubs de football ont au moins 40 ans, ce qui correspond à environ un joueur sur 12 dans l’ensemble du pays.

Des footballs complémentaires et pas rivaux

Le walking football, assez peu populaire, ne constitue pas encore une voie privilégiée. Mais cette variante ne s’adresse pas uniquement aux footballeurs chevronnés. «La plupart des personnes qui viennent aux journées d’initiation n’ont, pour caricaturer, presque jamais tapé dans un ballon, observe Christopher Clark, qui organise également des entraînements dans le canton de Neuchâtel. Le but n’est pas de priver les clubs de leurs joueurs, mais plutôt d’encourager les deux disciplines en fonction des motivations de chacun.» A Morges, par exemple, les actuels seniors de plus de 50 ans «ne seront pas spécialement dirigés» vers le walking football car encore «pleinement engagés avec leur équipe», selon Sébastien Boillat.

Complément du football traditionnel, le walking football veut surtout permettre aux personnes âgées de poursuivre une activité sportive régulière. «Il serait absurde de tracer une frontière définitive avec le football classique, complète Christopher Clark. Le walking football peut constituer une porte d’entrée vers le football traditionnel, ou encore servir à la rééducation d’un joueur de l’équipe seniors après une blessure.» Pour contribuer à sa popularisation, le walking football sera présenté lors des finales de Coupe de Suisse seniors, fin mai à Lucerne. Une exposition «essentielle pour grandir», aux yeux de Christopher Clark. Si toutefois la météo ne freine pas les participants.