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«Fribourg-Gottéron sera sain le jour où les bénéfices seront réguliers»

Antoine Roulin vit sa première saison dans la fonction de président de club. Une période qu'il imagine dans la continuité des quatre dernières années. Si le club maîtrise bien ses charges, il devra augmenter son budget pour espérer sortir du ventre mou du classement. Pour y parvenir, il compte beaucoup sur son image.

Depuis un mois le championnat suisse de hockey sur glace a repris ses droits. Cinquième du classement à deux points seulement de Lugano, Fribourg-Gottéron confirme ses objectifs sportifs. Une situation qui doit réjouir le nouveau président du club, Antoine Roulin. Car elle entre dans le cadre du développement du club, celui mis en place depuis quatre ans lorsqu'il s'est transformé en société anonyme.

Médecin-dentiste à Fribourg, spécialiste de chirurgie bucco-dentaire, passionné d'aviation, rien ne prédestinait Antoine Roulin à prendre les rennes de Fribourg-Gottéron. Néanmoins, pour assurer la continuité du travail réalisé ces cinq dernières années sous la direction de Gaston Baudet, il a décidé de s'engager pour un temps indéterminé, mais sûrement «plus que pour une année».

Le Temps: Vous êtes le nouveau patron de Fribourg-Gottéron, mais vous n'êtes pas hockeyeur dans l'âme. Est-ce un hobby?

Antoine Roulin: Je n'appellerais plus cela un hobby. Lorsque le club était encore une association sportive, il y a quatre ans, les membres du comité pouvaient encore parler de passe-temps. Aujourd'hui, avec une structure en société anonyme, la charge implique des responsabilités au niveau légal et pénal. Reste que Fribourg-Gottéron est une histoire de cœur qui date de l'enfance et de la patinoire des Augustins. Je suis arrivé un peu par hasard dans le comité, il y a cinq ans. Maintenant je suis président.

– Depuis ce moment, beaucoup de choses se sont passées…

– Au départ, il y avait beaucoup de problèmes, notamment financiers, que nous ne connaissions pas. A l'arrivée de Gaston Baudet, nous nous sommes rendu compte que la seule solution était le sursis concordataire. Nous avons alors créé la société anonyme qui vient de terminer son quatrième exercice par un bénéfice.

– Cela signifie que Fribourg-Gottéron est désormais un club sain.

– Nous avons réalisé en 2000-2001 un bénéfice de 18 000 francs, ce qui est très bien. Mais notre dette cumulée atteint tout de même 600 000 francs. Mis en relation avec notre capital-actions de 3,5 millions de francs, nous sommes très à l'aise. Mais je dirais que le club sera sain le jour où les bénéfices seront réguliers avec une dette cumulée proche de zéro.

– Quelle stratégie suivez-vous pour y parvenir?

– Depuis trois ans, nous avons mis en place une structure de manière à ce que le CA ait un rôle stratégique et non opérationnel comme c'était le cas lorsque nous étions une association. Cette structure est en place. Nous sommes maintenant entrés dans la deuxième partie du cycle pour optimiser le fonctionnement de la structure et le management du club.

– Quels en sont vos objectifs les plus importants?

– Il y en a quatre. Premièrement, Fribourg-Gottéron est une entreprise, ce qui signifie que l'aspect économique est primordial. Le club doit fonctionner de manière à être concurrentiel financièrement et sportivement. L'un ne va d'ailleurs pas sans l'autre. Deuxièmement, Fribourg-Gottéron a perdu un peu de son identité locale. C'est la conséquence d'un manque de joueurs fribourgeois capables de faire le pas de la LNA. Pour inverser le phénomène, nous allons promouvoir la formation. Troisièmement, nous devons absolument gagner notre indépendance par rapport au mécénat. J'aimerais bien que le marketing, le sponsoring, le soutien public suffisent à boucler le budget. Le dernier point est le projet de deuxième patinoire.

– Vous parlez de mécènes. Ont-ils disparu de votre budget?

– Soyons réalistes. On ne peut se passer du mécénat des clubs de soutien. Ces gens sont importants. Mais il ne doit pas entraîner de dépendance. Fribourg-Gottéron doit pouvoir survivre grâce à ses structures et non plus grâce aux personnes qui financent et dirigent le club.

– Lorsque vous voyez les clubs les plus riches, ne ressentez-vous pas de frustration?

– Absolument pas. Car il faut comparer ce qui peut l'être. Cela ne me dérange pas que notre budget corresponde à la moitié (6,6 millions de francs en 2001) de celui de Zurich ou Lugano. Maintenant, il est clair que l'on a un championnat à deux vitesses. Il y a les clubs nantis et les autres qui cherchent à faire le mieux possible avec ce qu'ils ont à disposition. Mais cette situation est aussi positive, car elle stimule l'inventivité des dirigeants. Si Fribourg parvient à se sauver, c'est grâce à l'innovation.

– Un exemple?

– La formation. Nous ne pouvons nous offrir des joueurs chers. Nous cherchons donc à compenser. Nous avons ainsi réuni tous les clubs du canton pour une collaboration. Elle devrait permettre aux jeunes de monter plus vite dans la hiérarchie cantonale. Et puis, il y a l'apprentissage professionnel. Aujourd'hui, une dizaine de jeunes sont inscrits chez nous.

– Quel serait le budget idéal de Fribourg-Gottéron?

– A mon sens, un budget avoisinant 8 millions de francs permettrait de sortir du ventre mou du classement. Mais actuellement, nous ne disposons pas du financement nécessaire.

– De quel atout dispose le club pour augmenter ses recettes?

– Fribourg-Gottéron véhicule une bonne image dans le public, les milieux économiques et politiques. Il faut en profiter et mieux la vendre. Pour la première fois, des entrepreneurs nous approchent pour utiliser le club comme support marketing. Si l'on arrive à avoir un trend positif en termes de sport et d'image, peut-être que d'ici à deux ans nous arriverons à boucler un tel budget.