Une escapade qui pourrait leur coûter cher. La règle de l'IAAF (Fédération internationale d'athlétisme) est on ne peut plus claire: en cas de non-présentation à un contrôle antidopage, celui-ci est considéré comme positif. Ce qui veut dire que Costas Kenteris et Ekaterini Thanou risquent l'exclusion. Jeudi soir, Jacques Rogge, le président du CIO, exige immédiatement la mise en place d'une commission de discipline, composée de l'Ukrainien Sergeï Bubka, président de la Commission des athlètes du CIO, de l'Allemand Thomas Bach, président de la Commission juridique et du Suisse Denis Oswald, vice-président de la Commission exécutive du CIO. Ces personnes devaient entendre les deux athlètes hier matin. Mais ils devront finalement attendre lundi pour le faire.
Car ce qui n'aurait pu être qu'une affaire de dopage de plus s'est rapidement transformé en un feuilleton rocambolesque. Vendredi matin, on apprend que le désormais célèbre duo a été hospitalisé dans la banlieue nord d'Athènes à la suite d'un accident de moto. Interrogé sur la chaîne de télévision Net, Vassilis Sevastis explique que leur entraîneur Christos Tzékos leur a prêté son véhicule deux roues pour qu'ils puissent se rendre plus rapidement au village olympique. L'entraîneur estime que l'accident est dû «à l'agacement et à l'état psychologique» des deux athlètes après l'annonce de la mise en place d'une commission disciplinaire.
Une histoire qui paraît quelque peu tirée par les cheveux. Alors que dans un premier temps, Christos Tzékos annonce que ses deux poulains se portent bien, il déclare ensuite qu'ils sont trop choqués pour s'exprimer. Puis des sources médicales affirment que «les deux athlètes souffrent de blessures et de contusions aux bras et aux jambes et doivent rester à l'hôpital». Il est question du port d'une minerve pour Kenteris et de vertiges pour Thanou. Toujours est-il qu'un certificat médical stipulant qu'ils doivent rester en observation pendant 48 heures leur permet d'obtenir un délai de 72 heures auprès de la Commission disciplinaire, qui les entendra finalement lundi. Elle fera ensuite une recommandation auprès de la Commission exécutive du CIO, laquelle décidera de leur exclusion ou non. Kenteris et Thanou auront ensuite, le cas échéant, la possibilité de faire appel.
Réputation sulfureuse
Quel que soit le verdict, il semble que de lourdes charges pèsent contre les deux sprinters à la réputation sulfureuse. Cela fait un moment que différentes autorités leur courent après. En avril 2003, ils devaient subir un contrôle en Crète et la Fédération grecque d'athlétisme a déclaré qu'ils se trouvaient au Qatar. Istvan Gyulai, le secrétaire général de l'IAAF, reconnaît qu'ils ont également échappé à un contrôle à Chicago il y a quelques semaines. L'Agence mondiale antidopage les a ratés parce qu'ils avaient, comme par hasard, changé de résidence. Des rumeurs font état d'une notification trop tardive de la part de la Fédération grecque. Kenteris et Thanou auront la lourde tâche, lundi, de convaincre la commission de leur bonne foi s'ils veulent défendre leurs médailles devant leur public. Mais, même s'ils ne sont pas exclus des Jeux, les deux héros déchus ne seront pas forcément acclamés.
La nouvelle de leur «fugue» a plongé le pays dans la stupeur et a fait la une des journaux vendredi, éclipsant la présentation de la cérémonie d'ouverture. Les Grecs sont en colère, atteints dans leur fierté par l'idée d'être considérés comme des tricheurs. L'affaire est d'autant plus moche que Costas Kenteris était pressenti pour allumer la vasque.