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Gerhard Schröder effectue sa première visite en Suisse, en ambassadeur du foot allemand

Le chancelier allemand vient soutenir aujourd'hui à Zurich la candidature de son pays à l'organisation de la Coupe du monde en 2006. Par courtoisie, il profitera de l'occasion pour rendre visite aux autorités politiques suisses. L'année passée, une rencontre avec Ruth Dreifuss, alors présidente, avait été annulée en dernière minute

Le football rend toute chose possible: Gerhard Schröder vient aujourd'hui en Suisse pour la première fois depuis son élection à la Chancellerie. Il sera en fin d'après-midi à Zurich pour soutenir, auprès de la Fédération internationale de football (FIFA), la candidature de l'Allemagne pour la Coupe du monde de 2006. Comme l'explique son service de presse, le Chancelier désire de cette façon montrer une nouvelle fois qu'il appuie de toutes ses forces ce dossier. Il se présentera ainsi démonstrativement aux côtés des responsables de la Fédération allemande de football (DFB) dans l'attente de la décision de la FIFA, annoncée pour ce jeudi.

Discussion informelle

A cette visite, organisée en dernière minute, s'en ajoutera une deuxième: celle du président de la Confédération. L'année passée, une rencontre à Berne avec Ruth Dreifuss, alors présidente, avait été annulée en dernière minute. Cette fois-ci, tout a dû être organisé dans la précipitation: Berne n'a ainsi été informé qu'hier matin de la visite du chancelier. Le président de la Confédération a dû se montrer flexible: il rencontrera Gerhard Schröder à Zurich en fin d'après-midi. D'autres conseillers fédéraux pourraient également faire le déplacement. Rien n'est pourtant encore définitif. Ruedi Christen, porte-parole du Département des affaires étrangères, ne peut pas confirmer une rencontre de Joseph Deiss avec Gerhard Schröder. «Si l'occasion se donne, cela se fera» explique-t-il. «Le chancelier semble saisir l'occasion de sa visite à Zurich pour rencontrer des conseillers fédéraux, il ne s'agit pas d'une rencontre bilatérale» ajoute-t-il.

Le football d'abord, les politiciens ensuite: c'est l'ordre donné à son programme, selon les indications de son service de presse. Après avoir parlé ballon rond, le chancelier rencontrera ainsi le président de la Confédération au grand Hôtel Dolder, sur les hauteurs de Zurich. La discussion avec le chancelier sera «informelle» explique Oswald Sigg, porte-parole d'Adolf Ogi. Il sera question «de relations bilatérales» ainsi que de «l'intégration européenne, la sécurité et le sport» note le communiqué de presse. Le temps devrait limiter les ambitions de ce programme. Il est ainsi «hypothétique» que soit abordé le dossier bilatéral le plus chaud, celui concernant l'aéroport de Zurich, explique le porte-parole d'Adolf Ogi. Gerhard Schröder sera pressé: il retournera le soir même à Berlin.

Même pour des rencontres furtives, les politiciens suisses doivent se raccrocher à d'autres événements pour pouvoir espérer rencontrer le chancelier. Il y a une année, Gerhard Schröder avait ainsi d'abord accepté de tenir un discours à l'Institut de prévisions conjoncturelles Prognos à Bâle, et ne s'était soucié que par la suite d'organiser un petit crochet par Berne pour rencontrer Ruth Dreifuss. Le jour du voyage, son avion restait cloué sur le tarmac de l'aéroport de Berlin. Raison invoquée: un problème dans le système de freinage. Quelques mois plus tard, des sources bien informées reconnaissaient indirectement que la panne avait été feinte: «c'était une très mauvaise période pour Gerhard Schröder», expliquait-on de manière diplomatique. Le chancelier était au plus bas des sondages. Ce jour-là, tous les accompagnants du voyage avaient pourtant attendu longuement

Gerhard Schröder dans l'avion pour apprendre ensuite que la visite était annulée. Aujourd'hui, il n'y aura certainement pas de problèmes de ce genre: le chancelier a pu, grâce aux scandales de la CDU, remonter dans les sondages.

Le déplacement de Gerhard Schröder semble être en quelque sorte une réaction à l'engagement de Nelson Mandela qui a promis de passer plusieurs coups de téléphone à deux pays dont les votes peuvent faire pencher la balance en faveur du dossier sud-africain, cofavorit avec l'Allemagne. La décision du Brésil, qui s'est désisté lundi en faveur de l'Afrique du Sud, met l'Allemagne sous très forte pression. «Alliance contre la Fédération allemande de football» titrait hier le journal berlinois Tagesspiegel. C'est dans ce contexte que Gerhard Schröder a décidé de venir défendre à Zurich le dossier allemand.

Stade olympique

Lundi, il a posé aux côtés du maire de Berlin et de Franz Beckenbauer, président du comité de candidature, dans le stade olympique de Berlin à l'occasion du début des travaux de remise en état. «Nous devons rénover ce stade pour la Coupe du monde qui reviendra, je l'espère, à l'Allemagne» a-t-il déclaré à cette occasion. Les pouvoirs publics soutiennent à fond cette candidature: rien que pour le stade de Berlin, ils injecteront près de 260 millions de francs suisses. L'Allemagne est prête à tous les sacrifices pour pouvoir organiser la Coupe du monde. Jusqu'ici, les efforts semblent avoir payés: le dossier allemand est arrivé en tête de classement établi par le comité d'évaluation. Cela n'est pourtant pas forcément une position enviable: pour les Jeux olympiques, Sion avait également le meilleur dossier. Dans les quelques minutes que lui accordera le chancelier, Adolf Ogi, qui s'était alors engagé pour Sion, pourra peut-être donner quelques précieux conseils à Gerhard Schröder. Ou directement commencer à le consoler.