Les débuts du Belge sur le circuit européen furent loin d'être faciles. «Les gens pensaient que j'étais un gag, se souvient-il. Ils ne savaient pas qui j'étais, ne croyaient pas en ce que je disais. J'ai perdu 200 000 francs en déplacements inutiles sur les tournois.» Sa coupe de hippie et son CV folklorique n'ont pas dû aider… Le premier à se laisser convaincre fut un obscur Ecossais du nom de Ross Drummond, dix-neuf ans sur le circuit européen sans la moindre victoire. Deux semaines après avoir commencé à travailler avec Vanstiphout, il termine deuxième d'un tournoi derrière Retief Goosen, alors inconnu.
«Un jour, Ross Drummond sera une grande star du golf et je ferai de toi un caddie riche», s'est alors enthousiasmé le Belge auprès de celui qui portait les clubs de Drummond. Depuis, le caddie en question a dû se rabattre sur le journalisme. «Drummond a décidé que payer 565 francs par semaine était trop élevé pour écouter quelqu'un débiter ce qui ressemble à d'ineptes platitudes. C'est une erreur que beaucoup de pros ont répétée», a écrit Lawrence Donegan, caddie reconverti, dans The Observer.
Les témoignages de clients prouvent que se convaincre de l'efficacité des paroles de Vanstiphout est un travail en soi. Le golfeur qui est en thérapie avec le Belge se voit automatiquement affublé de deux personnalités. Son «Moi 1» et son «Moi 2». Le second serait «le meilleur ordinateur du monde, une machine à tout faire». Le premier est son ennemi. «Il voit des obstacles et des limites partout. C'est votre mère, votre professseur, votre curé. Le type qui ne croit pas à votre subconscient et aux pouvoirs avec lesquels vous êtes nés.» Reste à organiser la bataille entre l'un et l'autre…
«J'ai collaboré avec plusieurs psychologues, a confié un ex-client à The Observer. Jos n'était pas aussi profond que les autres mais ce qu'il disait n'était pas stupide. C'était… intéressant. Mais c'est étrange, la majorité de ce qu'il affirme relève du pur bon sens. Tu es assis en face de lui et tu te dis: «Je paie réellement pour écouter cela?» De plus, Jos est très, très nerveux. Au point que l'on se demande si ce n'est pas lui qui devrait chercher de l'aide auprès de vous et non l'inverse.» Malgré ces réserves, ce golfeur, qui avait cessé d'employer Vanstiphout au moment de ses déclarations au journal britannique, soulignait qu'il serait prêt à reprendre le travail avec lui.
Depuis que Retief Goosen a remporté l'US Open 2001, quatre mois après avoir entrepris une cure façon Vanstiphout, ils sont nombreux, les professionnels, à vouloir trouver une place dans l'agenda du Belge, qui dit ne plus avoir une minute à soi. Ses tarifs ont pourtant augmenté: 900 francs par semaine plus entre 4% et 6% des gains selon les résultats.
Son meilleur client n'est autre qu'Ernie Els. L'avènement de Tiger Woods a marqué un coup d'arrêt dans la carrière du Sud-Africain. Obsédé par l'Américain et son élan victorieux, il s'est convaincu que, même à son meilleur niveau, il ne le battrait jamais. Pendant que Woods empilait les victoires dans les Majeurs, Els observait son rival gagner: cinq ans sans victoire dans ces tournois du Grand Chelem du golf. Quelques mots de Jos Vanstiphout suffirent à débloquer le numéro 3 mondial lors de l'Open Championship 2002, remporté par Ernie Els devant le Français Thomas Levet. Pour le Belge, la situation était cocasse: les deux finalistes étaient ses clients. Dimanche à St-Andrews, il pourrait connaître le même dilemme.