La grande désillusion de l’équipe de Suisse de hockey sur glace
Hockey
Pétrie de talent, irrésistible au premier tour du Mondial, la sélection de Patrick Fischer sort dès les quarts de finale, battue 3-1 à Riga par une Allemagne qui ne lui réussit décidément pas
Cela ne devait pas se passer comme ça. Pas cette fois. Oui, l’Allemagne est la bête noire de la Suisse en matière de hockey sur glace: elle l’a battue lors de rencontres à élimination directe au Mondial 2010, aux Jeux olympiques 2018, et encore au Mondial 2021. Mais depuis, la sélection de Patrick Fischer avait grandi, elle était arrivée à maturité, elle pouvait compter sur six joueurs en vue en NHL et sur des pensionnaires du championnat national maximisant leur potentiel. Elle devait se qualifier pour le dernier carré, et aller en finale, et pourquoi pas la gagner. Les joueurs le clamaient, les supporters y croyaient. Et tout s’est écroulé.
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Battue 3-1 par une formation allemande qui a très bien défendu et optimisé ses occasions de buts, la Suisse quitte le Mondial de Riga et Tampere sans voir la Finlande, où s’arracheront les médailles durant le week-end. Elle échoue pour la quatrième fois consécutive au stade des quarts de finale, qui sont pour elle à quitte ou double. Tournoi réussi en cas de qualification, raté en cas d’élimination. C’est aussi simple que cela, et la désillusion est terrible pour une sélection qui passait pour l’une des plus séduisantes jamais réunies.
Le tournant du deuxième tiers-temps
Tout allait être plus compliqué qu’escompté, ça, tout le monde l’a compris dès le premier tiers-temps. Alors que l’équipe de Suisse semblait dans de bonnes dispositions, et qu’il ne manquait que le tranchant nécessaire à ouvrir la marque, le gardien Robert Mayer s’est laissé abuser par un lancer relativement anodin. Convaincu d’avoir fait l’arrêt, il n’a pas senti le palet filer au-dessus de sa jambière en direction de la cage. Au premier tour, il avait été excellent durant trois matchs, comme son concurrent Leonardo Genoni. L’identité du titulaire pour ce premier match couperet avait animé l’avant-quart de finale. Sa défaillance précoce fut un vrai coup dur pour le champion avec Genève-Servette comme pour la confiance générale de l’équipe.
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La deuxième période a toutefois longtemps ressemblé à un tournant. D’abord parce que le défenseur Jonas Siegenthaler, d’une lourde frappe en pleine lucarne, a remis les deux équipes à égalité après 47 secondes de jeu seulement. Ensuite parce que la Suisse a tenu bon pendant six minutes à quatre contre cinq, avec une sérénité admirable: les Allemands ne se sont pratiquement ménagé aucune occasion. Enfin parce que Moritz Seider, sans doute la meilleure individualité adverse, s’est dans la foulée rendu coupable d’une intervention violente sur Gaëtan Haas: pénalité de match pour lui, cinq minutes à quatre contre cinq pour ses camarades.
Crochet, uppercut
Les hommes de Patrick Fischer auraient dû en profiter, avec la maîtrise affichée depuis le début du tournoi et la supériorité esquissée depuis le début de cette manche médiane. Mais non. Et alors qu’on commençait à se demander quel était le problème, les Allemands ont repris l’avantage: 2-1 par John Peterka à la 38e minute. Et dans l’enchaînement, 3-1 par Nico Sturm à la 39e minute. Crochet, uppercut, les Suisses étaient groggys au moment de regagner les vestiaires. Gaëtan Haas, à l’interview au micro de la RTS, ne mettait pas les formes: «Il nous reste vingt minutes pour faire ce que nous avons fait tout au long du premier tour. Pas le choix, il faut qu’on y foute.»
Rien n’y a fait, pas même les plus de trois minutes à six joueurs contre cinq après la sortie du gardien Robert Mayer. La Suisse en restera encore là, aux portes des demi-finales, à ruminer ce qui devrait se passer mais ne se passe pas.