En cette période d’élections et de votations, la démarche ne saurait désarçonner l’amateur de hockey sur glace suisse. Il est invité par les 12 clubs qui constituent la National League à exprimer en ligne son opinion sur le championnat de première division. Les questions portent notamment sur le nombre d’équipes idéal, le mode de promotion/relégation à adopter, les meilleurs jours pour disputer des matchs, le temps des pauses entre les tiers, le maintien de places debout dans les patinoires ou encore l’introduction d’un tarif unique pour les supporters en déplacement.

Avant de répondre, le sondage propose un détour par un exposé de la situation actuelle et des enjeux d’avenir. Et puis, surtout, le «matériel de vote» comprend une présentation détaillée et circonstanciée du train de réformes envisagé à compter de la saison 2022/2023. Il se compose notamment de l’instauration d’un mécanisme de fair-play financier et d’une nouvelle réglementation sur le nombre de joueurs étrangers autorisés, qui passerait de quatre à sept.

Un groupe de travail avec le syndicat des joueurs

La première intention des clubs concernés – à l’exception des ZSC Lions – était d’entériner le plan ces jours-ci et d’aller de l’avant. Mais il a suscité tellement de critiques et provoqué tellement d’incompréhension que la National League s’est résolue à «ajourner» sa décision finale et à passer par une phase de consultation.

Ce jeudi soir, elle annonçait la création d’un groupe de travail avec l’association des joueurs SIHPU (dont 94% des membres s’étaient prononcés contre des mesures susceptibles de conduire à une baisse des salaires). Et elle a donc réagi aux critiques sur le caractère solitaire de sa démarche en organisant ce sondage destiné «aux joueurs, aux supporters, aux sponsors, aux partenaires, aux téléspectateurs». Bref: à tous ceux qui se sentent partie prenante du hockey suisse.

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Là où la manœuvre se distingue du scrutin électoral en cours (vous avez jusqu’à dimanche pour voter!), c’est que «les résultats seront pris en considération» mais «ne remettront pas fondamentalement en cause» le train de réformes, qui sera revu, peut-être corrigé et (vraisemblablement) adopté dans quelques mois, une fois la saison 2020-2021 terminée.

Sortie de crise pandémique

Pour les membres de la National League, il y a surtout eu dans l’affaire un déficit d’information, de communication, de compréhension. Mais les buts sont clairs: organiser un championnat «largement équilibré»; dont le niveau doit être «au minimum maintenu»; avec des clubs rentables, capables d’investir et disposant de réserves; et un contexte général incitant les acteurs économiques à investir dans la discipline. Pour les atteindre, il faudra selon eux en passer par les mesures évoquées qui, ont insisté certaines voix ces derniers temps, n’ont d’intérêt qu’adoptées en bloc.

En attendant, les dernières questions du sondage portent sur la thématique brûlante de l’accès aux patinoires au temps du Covid-19. Les supporters seront-ils prêts à se faire tester pour assister à un match? Ou à présenter une preuve de vaccination? Plus largement, la perspective de pouvoir retourner dans les tribunes les poussera-t-elle à accepter la piqûre? Il sera fort intéressant de connaître les résultats en la matière. Car la National League le sait bien: avant même d’ajuster son fonctionnement pour être internationalement compétitive à moyen terme, elle doit parvenir à négocier sa sortie de la crise pandémique. Ce n’est pas le moindre de ses défis.