Le sport suisse, dans sa version massivement populaire, arrive au cœur de la tempête. La question n’est plus de savoir comment il va affronter les premières vagues, mais s’il aura survécu quand viendra enfin l’accalmie.

Les clubs professionnels de football et de hockey sur glace sont les premiers à envoyer un SOS, car leurs embarcations prennent l’eau. Un automne avec des stades et des patinoires seulement garnis de 1000 spectateurs pourrait finir de les couler. Le plan actuel d’aides de la Confédération – des prêts sous condition – n’est à leurs yeux qu’une bouée piégée, qui réglerait leurs problèmes de liquidités à court terme, avant de les plomber au moment du remboursement.

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Alors ils hurlent dans la radio qu’il faut agir maintenant, au risque de perdre la flotte.

Problème: il y a de la friture sur la ligne. Les interférences de ce match de Ligue des champions entre l’Atalanta Bergame et Valence qui aurait pu être un détonateur de l’épidémie en Italie. De ce tournoi de tennis organisé par Novak Djokovic dans les Balkans qui s’est transformé en foyer de propagation. De la qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions du Paris-Saint-Germain, acquise à huis clos dans le stade mais célébrée par une foule en délire à ses abords directs.

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Espace de liberté… contrôlée

Les dirigeants des clubs suisses n’y peuvent strictement rien. Il leur appartient pourtant de se rendre audibles, auprès des autorités politiques et sanitaires, en inspirant la confiance la plus absolue.

La confiance, d’abord, quant à leur capacité à gérer quelques milliers de personnes dans des enceintes pouvant en accueillir le double ou le triple. Il s’agit de démontrer, par le biais de protocoles stricts et détaillés, qu’il sera possible d’éviter la cohue avant et après les matchs, d’imposer des séparations entre différents groupes et une certaine distanciation sociale dans les tribunes, et enfin de faire respecter toute une série de précautions sanitaires à des spectateurs pour qui le stade représente souvent un espace de liberté.

La confiance, ensuite, quant à leurs aspirations profondes. Le politique rechigne à subventionner un sport qui magouille, qui dope, qui enrichit ses stars à coups de millions, qui nourrit les ego – et c’est normal. Elle est en revanche beaucoup plus ouverte au principe de soutenir un sport qui éduque, qui intègre, qui inspire, qui profite à la société dans son ensemble, et c’est de cette seconde catégorie que relève, dans ses grandes largeurs, le sport professionnel suisse. Il doit le faire entendre dans ses appels à l’aide.