Les rencontrer au plus proche de leur vérité. Pour vous accompagner dans la campagne des élections vaudoises 2022, dont le premier tour est fixé au 20 mars, Le Temps dresse le portrait de sept candidats au Conseil d’Etat, de partis différents, dans leur fief, sur un thème qui leur est cher.

Retrouvez les portraits au fur et à mesure.

Timide au premier abord, le natif du district de Morges prend vite ses aises. Il faut dire que l’édile l’a joué stratège au moment de choisir le lieu de notre rencontre pour évoquer son thème de campagne: les infrastructures sportives locales. Le candidat de 32 ans nous a donné rendez-vous à 9 heures tapantes devant le centre sportif du gymnase d’Etoy, géré par Morges Natation après la déconfiture de l’école internationale GEMS, qui en avait la charge. Une bonne manière pour lui de se projeter vers l’un des grands chantiers qu’il mène pour les habitants de sa commune. En effet, Jerome De Benedictis finalise en ce moment l’ébauche d’un éventuel complexe sportif, semblable à celui de notre visite, qui pourrait voir le jour en 2026 dans son berceau d’Echandens, lui qui en est aujourd’hui le syndic.

Lire aussi: Trois vert’libéraux en lice pour le gouvernement vaudois

A peine la porte du bâtiment franchie (il comprend piscine, terrain de foot synthétique, salle de gymnastique, parquet de danse et fitness), le vert’libéral interpelle Nicole Knight, notre guide du jour, membre du comité du club de natation et qui assure la gestion des infrastructures d’Etoy. Salariée de l’association – elle se partage un taux de travail à 70% avec l’un de ses collègues –, son rôle est d’assurer les contacts avec le propriétaire du centre et de sous-louer les infrastructures à d’autres entités: «Nous accueillons aussi bien une équipe de football que les employés d’une multinationale qui souhaitent venir profiter du fitness à la pause de midi.»

Gestion minutieuse des chiffres

La situation de Morges Natation, qui a repris les rênes du site en 2020, reflète l’enjeu des milieux sportifs associatifs que Jerome De Benedictis souhaite mettre en avant. En effet, les nageurs n’ont pas eu d’autres choix que de chercher de nouveaux bassins après le refus dans les urnes – en référendum – d’un projet de centre aquatique. Pour les associations sportives locales, ce rejet a mis un frein à leur développement qui les a obligés à chercher des alternatives en dehors de leur commune. «Nous avons en quelque sorte profité des malheurs de GEMS en récupérant leurs installations. Sans leur départ précipité, nous aurions été obligés de trouver des alternatives pour nos nageurs, parfois très lointaines de leur domicile», soupire Nicole Knight, qui se réjouit toutefois d’avoir pu prolonger le contrat de l’occupation du site d’Etoy jusqu’en 2023.

En politicien avisé, Jerome De Benedictis n’est pas venu les mains dans les poches au rendez-vous. Cette visite lui permet de se projeter dans le futur de sa commune et d’interpeller notre guide Nicole Knight sur les questions économiques. «C’est étonnant d’avoir construit une salle double. Les subventions cantonales peuvent en effet être obtenues uniquement pour une salle triple», analyse l’aspirant au Conseil d’Etat, avant de se pencher sur la rambarde de la piscine. «En revanche, la taille du bassin correspond tout à fait à l’obtention de soutiens financiers cantonaux.» Notre guide ne peut pas lui répondre, les subsides étant alloués uniquement à la construction.

Sans vouloir attaquer frontalement la droite, celui qui rêve du château Saint-Maire grince des dents quand il entend certains politiciens vouloir baisser les impôts «parce qu’il le faut bien». Une proposition qualifiée de «facile» par Jerome De Benedictis. «Les communes doivent se donner les moyens d’investir pour que leur population, par le biais des associations, puisse profiter d’infrastructures de qualité. Malheureusement, aujourd’hui elles en ont de moins en moins la possibilité à cause de la facture sociale», regrette le colistier de Graziella Schaller et Cloé Pointet.

Sur le même sujet: Les Vert’libéraux vaudois rêvent de créer la surprise

En revanche, impossible de nier l’impact direct d’un projet de cette envergure sur la fiscalité des personnes physiques. «C’est clair que de telles réalisations ont obligatoirement un impact sur les citoyens», analyse le vert’libéral avant d’en préciser les conséquences financières. «A Echandens, notre centre sportif devrait coûter environ 18 millions de francs, ce qui est l'équivalent d'environ quatre points d’impôt. Dans ce cas, la population doit penser à la communauté avant de penser à soi.»

Derrière cette gestion minutieuse des chiffres prouvée tout au long de la visite se cache un amour des mathématiques. Mais pas de trace d’un parcours politique tout tracé. «Pas du tout! Mes deux parents ne font pas partie de ce milieu, ils sont du monde ouvrier. Mon rêve d’enfance était de devenir expert-comptable, mais ça s’est estompé avec le temps», se rappelle-t-il. Après un cursus gymnasial traditionnel, Jerome De Benedictis obtient un master en HEC. C’est le côté entrepreneurial qui l’attire et qui va le pousser à fonder, avec un ami, une société de communication.

L’amour du milieu associatif

Les motivations qui ont convaincu le trentenaire à se lancer dans cette campagne électorale diffèrent selon ses dires des répliques convenues de la politique politicienne. «Ce qui m’a incité à faire le grand saut, c’est l’amour que je porte au monde associatif ainsi qu’au bénévolat. Depuis que je suis tout petit, ce sont des valeurs qui m’accompagnent au quotidien.»

Si Jerome De Benedictis a choisi de parler des infrastructures sportives de proximité, c’est aussi parce qu’il a toujours eu un pied dans ce milieu. «J’ai commencé le football à l’âge de 5 ans et aujourd’hui encore je joue en quatrième ligue au FC Echichens.» Le numéro trois de son équipe porte même le brassard de capitaine. «Il a du charisme, un esprit de leader et surtout il est toujours prêt à donner un coup de main au club», avance Michel Cruchon, président du FCE. Un rôle de leader que l’habitant du district de Morges a encore démontré en présidant la jeunesse de son village pendant plusieurs années.

Lire également: Les vert’libéraux vaudois à l’heure du choix

Fidèle au FC Echichens depuis plus de vingt ans, Jerome De Benedictis fait front avec son président contre l’argent qui commence à peser dans les ligues amateurs. «Comment expliquer à des bénévoles qui œuvrent sans relâche pour leur club que des joueurs qui n’ont pas forcément l’amour du maillot touchent 500 francs par mois?» soupire Jerome De Benedictis, qui craint que la direction prise ces dernières années ne soit pas la bonne. «L’image que le foot renvoie en agissant de cette manière est extrêmement négative. Il y a d’autres moyens de soutenir le développement du sport.» Comme cette action dans sa commune: 100 francs par enfant qui pratique une activité physique sont versés aux clubs en question.

Sur la route qui le ramène à son domicile, le candidat au Conseil d’Etat se livre à d’ultimes confidences. Quand on lui demande s’il croit vraiment en ses chances de rejoindre le gouvernement vaudois – en partant sans la moindre alliance – Jerome De Benedictis ne doute pas. «Nous sommes fidèles à nos couleurs. Et qu’on se le dise, qu’on soit de droite ou de gauche, tout le monde se retrouve dans les valeurs vert’libérales. Certains se l’avouent et d’autres pas encore.»

Les vert’libéraux vaudois dans le rôle des trouble-fêtes

En constante progression depuis une dizaine d’années, les vert’libéraux espèrent frapper un grand coup lors des élections cantonales vaudoises. Le parti brigue à la fois ses *neuf sièges actuels au parlement mais croit aussi en ses chances de conquérir un siège au Conseil d’Etat. Le positionnement du groupe – au centre de l’échiquier politique – pourrait convenir parfaitement aux attentes post-pandémie en se concentrant à la fois sur des enjeux environnementaux et une reprise de l’économie. Les vert’libéraux pourraient aussi profiter de la montée en puissance de certaines personnalités au sein du parti, à l’image de Laetitia Bettex, élue le printemps dernier à la municipalité de Morges.

Il faut toutefois relever une différence stratégique majeure entre les dernières élections communales et les élections cantonales à venir. En effet, le mouvement centriste a décidé de faire cavalier seul et de refuser un éventuel ralliement avec le PLR et son alliance de droite, qui visent un renversement de majorité. De leur côté, les vert’libéraux ont choisi d’envoyer trois néophytes en campagne avec l’objectif de pouvoir jouer le rôle de trouble-fêtes dans l’espoir de décrocher un poste. Outre Jerome De Benedictis, l’expérimentée Graziella Schaller et la très jeune Cloé Pointet complètent la liste conformément à l’adage disant que l’économie et l’écologie représentent les deux faces d’une même pièce.

*neuf et non sept, correction apportée le 21 février.