Au Stade de Genève, les espoirs de Servette se sont inclinés 2-1, mercredi, contre ceux d’Anderlecht, en Youth League. Dans ce match aller, tout s’est joué en sept minutes, peu après la pause: l’ouverture du score des Belges, l’égalisation, puis le but du KO. Le match nul n’aurait pas été volé: les M19 dirigés par Matteo Vanetta ont fait jeu égal avec les demi-finalistes de la dernière édition de cette Ligue des champions de la relève. «Il n’y a aucune frustration, assurait l’entraîneur au coup de sifflet final. Aujourd’hui, j’ai vu de très belles choses contre l’une des meilleures académies d’Europe.» A l’heure où la première équipe de Servette se reconstruit dans le relatif anonymat de la Promotion League (elle y est co-leader), les jeunes du club rivalisent avec ceux des plus grands clubs.

Etranglé par ses problèmes financiers au printemps dernier, Servette n’a pas obtenu sa licence pour continuer en Challenge League. La faillite menaçait. Elle a pu être évitée par une nouvelle équipe dirigeante, mais sportivement, le mal était fait: après avoir lutté toute la saison pour monter en Super League, Servette a été rétrogradé en troisième division. Pendant ce temps, l’Académie, la structure de formation du club, n’a pas cessé de fonctionner à plein régime.

Ces dernières années, plusieurs de ses purs produits ont pu devenir professionnels. Maxime Dominguez (19 ans) et Kevin Bua (22 ans) appartiennent au contingent du FC Zurich, Denis Zakaria (19 ans) à celui de Young Boys. Parti de Servette à 17 ans, Kevin Mbabu a, lui, fait le pari de l’exil en s’engageant avec Newcastle. A 20 ans, il a signé trois apparitions en Premier League anglaise cet automne. François Moubandje, enfin, est titulaire à Toulouse et remplaçant en équipe nationale. Impossible de résumer le travail de formation de Servette à ces quelques individualités: plusieurs joueurs n’attendent pas la majorité pour toquer à la porte de la première équipe, à l’instar de Jeremy Guillemenot, que l’entraîneur Kevin Cooper a lancé à 17 ans en Challenge League.

La voie des champions

Aujourd’hui, cet attaquant de pointe est l’un des leaders de l’équipe alignée en Youth League. Il a d’ailleurs marqué le but décisif pour y envoyer Servette, en juin dernier. Après s’être inclinés deux années de suite en finale, les Grenats ont vaincu le signe indien et le FC Zurich pour devenir champions de Suisse M18. Un titre synonyme de participation à cette coupe d’Europe M19.

Elle se divise en deux voies, qui se rejoignent ensuite: d’un côté, les espoirs des équipes de la véritable Ligue des champions participent à une phase de groupes, selon la même répartition que les «grands»; de l’autre, 32 champions nationaux disputent deux tours de rencontres aller-retour. Avant d’en découdre avec les champions de Belgique d’Anderlecht, Servette a sorti ceux d’Espagne, Villareal. S’ils passent encore un tour, les protégés de Matteo Vanetta rejoindront les qualifiés de la voie «Ligue des champions». Et pourraient donc affronter les jeunes du Real Madrid, d’Arsenal ou du PSG.

Pour cela, il faudra donc gagner, dimanche, en Belgique. «Contre Anderlecht, le plus dur est de se créer des occasions, réagissait l’entraîneur. Nous y sommes parvenus. Lors du match retour, il faudra être plus efficace.» Ses protégés ont toutes les raisons d’y croire. Au tour précédent, ils ont aussi perdu 2-1 à Genève, mais se sont qualifiés grâce au succès 3-2 obtenu avant cela à l’extérieur.