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La journée des pères profite à la panthère Paula Creamer

La Californienne s'est offert sept coups d'avance sur ses poursuivantes pour la troisième journée de l'Evian Masters.

Papa Kim, au mitan du troisième parcours de sa fille Christina aux Evian Masters, s'est mis à fumer cigarette sur cigarette. Le court mais musculeux paternel, qui sert de caddie à sa progéniture, comprenait que Christina, partie en tête, était en train de perdre pied. A mesure que sa fille alignait les bogeys (un coup au-dessus du par), les fines cibiches finissaient leur vie écrasées au sol avec une rage grandissante. Cinq clopes gisent ainsi en bordure de green des trous 5, 6, 8, 11 et 12 du golf d'Evian. Kim terminera la journée cinquième à – 5.

Papa Wie, qui remplaçait hier le caddie usuel de sa fille Michelle, renvoyé pour manque d'affinités avec l'adolescente prodige, lui, a passé une journée bien plus joyeuse. A chaque birdie (un au-dessous du par) réalisé par la chair de sa chair, l'homme bondissait d'une joie qu'il avait beaucoup plus de mal à contenir que sa fille. Pour lui, hier était un peu la fête des pères. «C'est presque impossible de lui faire garder son calme lorsque je réussis un bon coup et qu'il est mon caddie. Mais c'est tout de même bien de l'avoir à mes côtés», dira-t-elle dans un sourire gêné.

Hier, papa Wie a pris des allures de ressort. Michelle Wie a joué 7 birdies pour un seul bogey. Partie à +1, elle termine à – 3 et se redonne une chance de terminer aujourd'hui la compétition proche de la vainqueur. «J'ai bien commencé la journée avant de faire des erreurs, puis de bien jouer à nouveau pour refaire quelques coups moyens. C'est comme si j'avais vécu les quatre saisons en un parcours», analysera l'Hawaïenne.

Si les rumeurs disent vrai, l'amateur la plus médiatisée de l'histoire demandera à passer professionnelle cet automne, lorsqu'elle aura 16 ans (18 ans est la limite d'âge fixée dans le règlement de la Ladies Professional Golfers Association). La spectaculaire devra alors acquérir une vertu dont elle manque cruellement pour l'heure: la régularité.

Sur ce point, l'adolescente a des leçons à prendre auprès de Paula Creamer, de quatre ans son aînée. La Californienne avait hier pour partenaire Christina Kim, 21 ans, et, à deux coups, Annika Sörenstam, la numéro un mondiale incontestée. Beaucoup auraient parié sur un effondrement des deux jeunettes. Ils n'auraient eu qu'à moitié raison. Si Kim a perdu trois coups, Paula Creamer, elle, a aligné un troisième parcours de très haut niveau: sept birdies pour un seul bogey.

Ces noms d'oiseau ne disent pas tout. Sur les greens d'Evian, la Californienne a fait mieux que de marcher dans les pas de la reine Sörenstam. Lorsque la Suédoise tremblotait au putting, la «panthère rose», dont l'obsession pour cette couleur était exprimée hier par la seule casquette, rentrait ses putts avec l'autorité d'une routinière. Elle vit pourtant sa première année de professionnelle. Dans le cercle du green, le golf est également un jeu d'intimidation.

A – 14, Paula Creamer s'est donné beaucoup d'air par rapport à ses concurrentes. La plus proche lui rend désormais sept coups. Il ne s'agit pas de Sörenstam, qui a connu une troisième journée aussi moyenne que la première (par) et qui se retrouve quatrième (–6). Aujourd'hui, Paula Creamer partira en compagnie de la vétéran Laura Davies et de la Française de Crans-Montana, Karine Icher (les deux à – 7). Porte-bonheur oblige, la panthère jouera en rose. Son caddie aussi, a-t-elle prévenu.