Il en existe trois catégories. La première concerne les tests à l'aveugle. «Tous les trimestres, nous envoyons aux laboratoires des échantillons contenant ou non des substances interdites, raconte Olivier Rabin. On leur demande de les analyser et de nous transmettre les résultats. Si un laboratoire ne détecte pas certains produits, il est suspendu. Ce fut le cas de celui de Séoul qui avait des problèmes à déceler les stéroïdes anabolisants. Pour que la suspension soit levée, il faut que le laboratoire en question puisse prouver qu'il a corrigé le tir.» La deuxième catégorie de tests d'aptitude sont ceux dits à visée d'éducation et ils portent sur des substances nouvelles ou difficiles à dénicher. «Dans ces cas-là, on demande aux laboratoires de trouver le taux de concentration du produit, poursuit le directeur scientifique de l'AMA. C'est une manière de tester les nouvelles méthodes.» Enfin, la troisième catégorie consiste en des «tests double aveugle». Il s'agit là pour l'AMA d'insérer, dans l'envoi d'échantillons d'athlètes, certains échantillons intrus que le laboratoire, qui l'ignore, doit pouvoir distinguer. «Nous effectuons quatre tests d'aptitude par an sur chacun des 31 laboratoires», précise encore Olivier Rabin.
Les bons résultats de laboratoires réputés, comme celui de Châtenay-Malabry, s'expliquent en partie par sa maîtrise de la détection des corticoïdes et des béta-2-agonistes, comme le fameux salbutamol (produit comme le ventolin pour lutter contre l'asthme), mais aussi de la sensibilité de sa méthode. Pour chaque test, l'AMA impose un seuil minimal de détection. Pour les corticoïdes, par exemple, cette limite est fixée à 30 nanogrammes par millilitre. Mais certains labos descendent beaucoup plus bas. Et celui de Paris peut déceler jusqu'à 1 nanogramme par millilitre. Ce qui fait une concentration 30 fois inférieure à la limite imposée. «On encourage à détecter le seuil le plus bas, avoue Olivier Rabin. L'objectif est de baisser progressivement la limite minimale.»
A propos des corticoïdes, ce qui explique aussi de si grandes différences de résultats, c'est que certains laboratoires n'ont pas déclaré les cas positifs d'athlètes bénéficiant d'une autorisation d'utilisation à des fins thérapeutiques. Or désormais, et l'AMA vient de le rappeler, «les laboratoires ne doivent plus contacter les autorités de contrôles (fédérations sportives) afin de s'enquérir de l'existence d'une autorisation, mais doivent procéder systématiquement à la confirmation de la présence de corticoïdes et de béta-2 agonistes.»
Avec 3,21% de cas positifs sur 3959 échantillons disséqués, le laboratoire de Lausanne fait aussi partie des bons élèves. «Ce qui a fait monter nos statistiques, c'est le dépistage de l'EPO, explique Martial Saugy, le responsable du laboratoire lausannois. En 2003, nous sommes ceux qui avons détecté le plus grand nombre de cas d'EPO. La raison à cela est que nous avons la Fédération italienne de cyclisme comme client et qu'elle a fait un travail remarquable. En 2004, nous avons eu moins de cas d'EPO, mais en revanche, nous avons eu deux cas de transfusion sanguine. En chiffre, cela pèse moins lourd que de multiples cas de cannabis, mais en lutte antidopage, c'est plus important et cela demande beaucoup plus d'énergie.»
Ce que reconnaît le directeur scientifique de l'AMA qui précise que si, un certain nombre d'exigences sont requises, «il existe des différences d'engagement entre les laboratoires de pointe pro-actifs, comme celui de Lausanne en matière d'analyse sanguine, et ceux qui, pour des raisons financières et techniques, vont se contenter de respecter la réglementation.» L'objectif de l'AMA étant de s'appuyer sur les plus performants pour éduquer les autres. C'est le cas, par exemple, avec le test de détection de l'hormone de croissance, mis au point juste avant les Jeux olympiques d'Athènes, qui sera progressivement mis en place dans tous les laboratoires d'ici à fin 2005.