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Lance Armstrong et Erik Zabel terminent le Tour en famille

Sans surprise, l'Américain a remporté dimanche son deuxième Tour de France devant Jan Ullrich et Joseba Beloki. Il a promis qu'il sera présent en 2001. Ce Tour restera celui de la tranquillité retrouvée, même si le spectre du dopage rôde toujours. Il a aussi permis à une nouvelle génération de coureurs de se mettre en évidence

Lance Armstrong a le regard fixé sur le drapeau étoilé. La main sur le cœur, il ne bouge pas. Même son sourire est fixe. L'hymne américain résonne sur les Champs-Elysées, symbole de clôture d'un Tour de France qui lui a appartenu dès que la course s'est engagée. Le Texan était venu pour gagner, il a accompli son devoir sans trembler dans une atmosphère beaucoup plus souriante. Luke, son fils, le rejoint, tout de jaune vêtu. C'est devenu une tradition. Le Tour se termine par une photo de famille.

L'initiateur de la pratique, Erik Zabel, le suit immédiatement sur l'estrade. Le vert remplace le jaune, Luke laisse sa place à Rik, dont la croissance est le seul point de repère temporel dans ce classement du meilleur sprinter qui appartient depuis cinq ans à l'Allemand. Mais contrairement aux deux éditions précédentes, Erik Zabel ne rentrera pas bredouille à Berlin. Samedi, dans l'avant-dernière étape (Belfort-Troyes, 254,5 kilomètres), il a vaincu le signe indien en levant les bras sur la ligne. Après dix deuxièmes places, cette victoire avait une saveur particulière qu'il aurait bien voulu prolonger par un doublé à Paris. Le destin en a décidé autrement, puisque le Berlinois, deuxième, a repris son abonnement aux places d'honneur, laissant, bien contre son gré, Stefano Zanini bander l'arc du triomphe dans l'étape de parade. Une surprise qui permet à l'équipe Mapei, quatre fois victorieuse de ce Tour, de rejoindre la formation Rabobank dans le classement prestigieux du plus grand nombre de succès d'étape.

Sur le podium, le défilé continue. Santiago Botero exhibe son maillot à pois, juste reconnaissance pour lui et son équipe Kelme-Costa Blanca. En trois semaines, il ne s'est pas passé un jour sans que les Espagnols se mettent en évidence. Grimpeurs dans l'âme, ils ont particulièrement brillé dans les étapes de montagne. Juste reconnaissance: l'un des leurs vole le titre de roi des cimes à Richard Virenque et, en plus, ils s'adjugent le classement par équipes. Mais cette fois-ci, il n'y aura pas d'enfants sur le podium. Le Colombien fait partie des révélations de ce Tour de France. Il n'est pas de la même génération que ses prédécesseurs.

Cette arrivée au premier plan de nouveaux coureurs est un des faits marquants de cette édition 2000. Autant le «Tour du renouveau» annoncé en 1999 avait surtout permis aux «anciens» au passé parfois tumultueux de redorer leur blason – Richard Virenque, Alex Zülle et Laurent Dufaux avaient parlé de revanche sur les événements de 1998 –, autant ce mois de juillet a permis à de nouveaux visages d'émerger. Le maillot blanc du meilleur jeune (moins de 25 ans), Francisco Mancebo, en est une autre illustration. Sans faire de bruit, avec beaucoup de courage, le jeune Espagnol a pris le relais d'Alex Zülle qui s'est effondré dès les premières pentes.

Et ce n'est pas fini pour le cyclisme espagnol, qui semble se diriger vers une période dorée. Car juste derrière les deux intouchables, Lance Armstrong et Jan Ullrich, on trouve Joseba Beloki qui disputait son premier Tour de France. Un exploit qui ramène l'équipe Festina sur le devant de la scène sportive. D'autant plus que Christophe Moreau, quatrième, en fait aussi partie. Voilà de quoi redonner des ambitions.

Reste à parler des déceptions. Elles sont le fait de coureurs trentenaires, ce qui confirmerait le changement de génération. Côté suisse, Alex Zülle semble avoir épuisé une bonne partie du crédit qu'il possédait auprès de ses dirigeants, alors que Laurent Dufaux malade, puis blessé, n'a pu défendre ses ambitions dès les premières étapes. Chez Once, Abraham Olano et Laurent Jalabert, tout de même deux jours maillot jaune, ont montré qu'ils n'étaient plus en mesure de garder la forme durant trois semaines. Contrairement à beaucoup, ces deux coureurs ont tenu à terminer l'épreuve, malgré l'anonymat. Mais la palme dans le domaine des déceptions revient sans aucun doute à Frank Vandenbroucke, largué sans gloire dans le premier col des Pyrénées. Il paie là un lourd tribut à son caractère dissolu. Comme l'a si joliment dit un suiveur: «Il a de la dynamite dans les cuisses et un court-circuit sous la casquette.»