Laurent Dufaux: Ce fut un calvaire. Dans le col de Marie-Blanque, je me suis déjà fait violence pour basculer avec les meilleurs, mais j'ai tout de suite remarqué que cela n'allait vraiment pas. J'avais des sensations un peu identiques à celles connues durant le Tour de Suisse (ndlr: il avait abandonné suite à une inflammation de la prostate). Au pied de l'Aubisque, j'étais mort de froid et je n'ai pas pu suivre. J'ai perdu beaucoup d'illusions ce soir.
– Pensez-vous aujourd'hui abandonner?
– Je ne sais pas. Je n'ai pas abordé le Tour dans les meilleures conditions. J'étais dans le doute, mais j'ai essayé de me persuader que, durant la première semaine, j'aurais le temps de monter en puissance, que cela irait mieux. Au lieu de cela, je me sentais un jour bien et le lendemain beaucoup moins. Si l'on ajoute le froid et la pluie, des conditions qui ne conviennent pas à mon état de santé, on a l'explication de ma contre-performance. Reste que souffrir pareillement, cela va un moment. Mon principal souci est maintenant de remédier à mes problèmes de santé. Et après, peut-être, de me mettre en évidence dans une étape.
– Moralement, cette contre-performance sera difficile à oublier…
– C'est clair. Quand on a un objectif comme le Tour de France, que l'on a été un protagoniste des dernières éditions, la désillusion est grande. Mes plans ont cependant été perturbés par mes problèmes de santé. Il faut maintenant être réaliste: on ne peut pas se présenter au Tour de France sans être parfait au niveau physique, santé et moral. J'ai tenté le tout pour le tout en courant cette semaine initiale, mais la première étape de montagne m'a montré où j'en étais. Pour moi, le Tour est fini.
Propos recueillis par P. O.