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Lausanne et le canton de Vaud mènent une offensive tous azimuts sur le front sportif

Avec le soutien de la Confédération, les autorités vaudoises ont défini de nouvelles conditions-cadres destinées à faciliter l'implantation des Fédérations sportives internationales dans le canton.En respectant les bases légales, on va désormais adapter le droit d'établissement et du travail aux besoins des intéressés, histoire de les appâter. Sans oublier l'exonération d'impôts ni l'aménagement de la TVA

Quand la Suisse innove, que ce soit en matière de législation ou de technologie, il ne faut pas forcément s'attendre à des miracles. Ainsi, depuis hier, les nouvelles conditions-cadres régissant l'implantation des Fédérations sportives internationales (FSI) sur sol vaudois – autorisations de séjour et de travail, acquisitions d'immeubles, allégements fiscaux et douaniers – sont-elles officiellement définies et, modernisme oblige, disponibles sur Internet (www.ifsports-guide.ch) ou via un CD-Rom édité par l'Etat de Vaud. Petit problème: même avec un logiciel dernier cri, il s'avère impossible d'afficher les pages Web requises, tandis que le CD ne comporte aucune option d'impression pour les divers chapitres qu'il contient.

Ce qui relève de la carence informatique – on devrait assumer le fait de se lancer dans le multimédia – n'enlève rien au contenu politique de l'enveloppe. A Lausanne, hauts dignitaires de la Confédération (Samuel Schmid, conseiller fédéral), du canton de Vaud (Claude Ruey, conseiller d'Etat), de la Ville de Lausanne (Daniel Brélaz, syndic) et du CIO (Jacques Rogge, président), se sont félicités du résultat obtenu après plus de deux années de laborieuses négociations, pas toujours marquées du sceau de l'amitié. De quoi s'agit-il? De la finalisation d'un paquet de mesures destinées à attirer toujours plus de FSI vers la capitale olympique et ses alentours immédiats. Elles sont déjà quatorze enracinées sur le territoire du chef-lieu, plus quatre à Epalinges, Aigle, Nyon et Mies. Sans compter le gouvernement suprême, à savoir le Comité international olympique lui-même.

Parmi les principaux ingrédients du «cadeau» helvétique – dont aucune composante n'échappe aux bases légales de ce pays –, on notera quelques points saillants. «Lors de l'engagement de dirigeants ou de spécialistes hautement qualifiés, le canton de Vaud renonce à demander aux FSI la justification de recherches sur le marché de l'emploi d'un travailleur indigène.» On parle là de permis de séjour et de travail. Ou encore: «Les FSI ne sont pas soumises au régime de l'autorisation lorsqu'elles acquièrent un immeuble ou un terrain à bâtir, pour les besoins de leurs bureaux.» A cela s'ajoutent la délivrance de visas longue durée pour les membres desdites FSI, plus, côté fiscal, l'exonération confirmée des impôts directs (fédéral, cantonal et communal), ainsi que la simplification du décompte TVA, annuel au lieu de trimestriel. En revanche, pas trace de statut «quasi diplomatique», contrairement à ce qu'offraient l'Autriche et le Canada en vue de s'adjuger le siège permanent de l'Agence mondiale antidopage, Montréal ayant décroché la timbale à l'arraché.

«Au moins, les conditions-cadres en faveur de l'accueil des fédérations sportives sont désormais limpides et identiques pour toutes», commente l'avocat neuchâtelois Denis Oswald, président de l'Association des fédérations olympiques de sports d'été. «On évitera à l'avenir les supposés passe-droits et les bruits de couloir.» Cheville ouvrière centrale des pourparlers, le conseiller d'Etat vaudois Claude Ruey ne cache pas que «l'intérêt touristique et économique de la région était en jeu», et que «l'accord intervenu entre les trois niveaux de pouvoir servira de catalyseur». A ce stade, il n'est pas inutile de rappeler que les activités du CIO et des FSI rapportent plus de 100 millions de francs par an à leur port d'attache.

Autre pierre importante apportée à l'édifice, la future Maison du sport, censée abriter les nouvelles instances qui désirent s'établir à Lausanne, verra le jour en automne 2004, en un lieu (l'avenue de Rhodanie) proche du CIO. Parmi les 56 projets architecturaux déposés dans les délais du concours, c'est celui des Bernois Matti-Ragaz-Hitz qui a reçu l'aval du comité de sélection. Il se compose d'une structure d'accueil commune, et de quatre bâtiments à l'intérieur modulable en fonction des desiderata des futurs utilisateurs. La société anonyme qui chapeaute l'ensemble va maintenant mandater les concepteurs, puis soumettre l'objet à l'enquête publique (été 2002), délivrer le permis de construire d'ici à la fin de l'année et entamer les travaux début 2003.

Sans vouloir préjuger de la qualité du plan d'aménagement retenu, on osera penser que le slogan choisi par le bureau bernois – «Liberté et discipline» – a dû plaire aux décideurs vaudois en leur rappelant vaguement quelque chose…