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L'automne pourri du football européen

Batailles rangées et actes racistes se multiplient dans et autour des stades.

C'est dans l'ordre des choses: quand Noël approche, ça sent le sapin. Beaucoup moins tolérable: ça pue la mort, ces jours, autour des stades de football. Le phénomène, hélas récurrent, connaît un pic inquiétant. Une semaine après le décès par balle policière d'un «supporter» du Paris Saint-Germain (PSG), des hooligans de Feyenoord Rotterdam ont semé la terreur jeudi soir à Nancy, dans le cadre d'une rencontre de la Coupe de l'UEFA. Si l'expédition punitive n'a occasionné aucun blessé, elle pose beaucoup de questions. Et l'état de grâce consécutif à une Coupe du monde festive est d'ores et déjà oublié.

Menaces de mort à Madrid, munitions à Lisbonne

Et pour cause: tout au long de l'automne, actes racistes et incidents plus ou moins sérieux se sont multipliés aux quatre coins de l'Europe. En guise de morceaux choisis, on citera les 56 blessés causés par des suiveurs de Munich 1860 le 27 octobre à Augsburg, les deux doigts perdus par un pompier bénévole le 29 à Nice, parce qu'il a eu le malheur de ramasser un pétard lancé par un Marseillais, et le coup de poignard qu'un supporter de l'Olympiakos Le Pirée a reçu deux jours plus tard à Rome.

Deux nouvelles tombées vendredi ne sont pas de nature à rassurer quant aux mœurs en vigueur dans le milieu... Primo, la police espagnole a arrêté deux sympathisants de l'Atletico Madrid, soupçonnés d'avoir menacé de mort le président du club, Enrique Cerezo, dont la politique ne leur plaît pas. Secundo, lors d'une perquisition dans les locaux du stade de la Luz, à Lisbonne, les forces de l'ordre ont déniché dans le local d'un fan club de Benfica... des munitions destinées à une arme de calibre 38.

PSG - Toulouse reporté

William Gaillard cherche à dédramatiser: «Globalement, la situation est beaucoup plus calme qu'il y a une vingtaine d'années», affirme le porte-parole de l'UEFA avant, toutefois, de dénoncer quelques manquements indéniables: «Les clubs n'assument pas toujours leurs responsabilités en matière de sécurité. Il faut désormais éviter de s'en tenir aux effets d'annonce et prendre des mesures plus concrètes.» En écho à ce souhait, le match PSG - Toulouse, prévu dimanche, a été reporté. La police, qui avait prévu de mobiliser 2500 hommes pour l'occasion, a finalement jugé le contexte trop explosif pour taper dans un ballon.

Il n'empêche: le fléau subsiste et les solutions ne se bousculent pas au portillon. «Le football n'a ni les moyens ni l'ambition de résoudre des problèmes de société», conclut William Gaillard.