Sur le plan sportif, le défi de Dietrich Mateschitz et de son Red Bull Salzbourg apparaît hasardeux. Intégrer le top 10 européen ne s'improvise pas, même à coups de dizaines de millions. Chacun garde en mémoire les ratages piteux du Matra Racing Paris de Jean-Luc Lagardère, ou du FC Watford de Sir Elton John.

Septante-cinq millions (en francs suisses) de budget annuel, ce n'est certes pas rien. Une goutte d'eau, pourtant, en regard des quelque 300 millions affichés par le FC Barcelone, Chelsea, le Real Madrid et Manchester United.

Afin de «régater» avec ces géants, Mateschitz a bâti une équipe de 29 professionnels - dont 17 étrangers - où les postes sont doublés, voire triplés dans certains cas. Bémol, il n'y a pas de vraies stars au sein de cet effectif pléthorique. Le championnat autrichien est d'un niveau trop faible pour attirer, fût-ce par le biais d'un salaire ministériel, les joueurs les plus cotés du moment.

Hormis les Suisses Johan Vonlanthen et Remo Meyer, les éléments clés émargent à la caste des vieux chevaux de retour: les Tchèques Vratislav Lokvenc (2,7 millions de paie) et Patrik Jezek, le Croate Niko Kovac, les Allemands Thomas Linke et Alexander Zickler, le Chilien Jorge Vargas.

Au niveau du staff, en revanche, les étoiles s'alignent: Giovanni Trapattoni entraîneur, libre depuis son limogeage de Stuttgart, début février; Lothar Matthäus, coach assistant, démissionnaire en mars de l'Atletico Paranaense (Brésil), histoire de se rapprocher de sa famille; Franz Beckenbauer, conseiller spécial, lequel ramasse les contrats juteux à la louche. Les émoluments de ces gros bras sont évidemment tenus secrets. Là encore, un sérieux doute subsiste sur l'entente cordiale de ce triumvirat, système qui n'a jamais fonctionné sous la Rome antique! Les observateurs voient déjà le «Trap» et Matthäus se faire de joyeux crocs-en-jambe, le «Kaiser» tirer la couverture à son profit sans se soucier de l'intérêt général.

En résumé, le Red Bull Salzbourg n'est pas sorti de l'auberge. Surtout que, s'il élimine Zurich, il devra se frotter au FC Valence avant de songer aux lucratives poules de la Ligue des champions.