Lausanne 2020 n'a pas fini de distribuer ses médailles. Le dernier jour de compétition sera notamment rythmé par la finale du tournoi masculin de hockey sur glace à Malley, des épreuves de freestyle à Leysin ou encore de combiné nordique dans le Jura franco-suisse. Le Vortex grouille encore de vie et la cérémonie de clôture de l'événement n'aura lieu que ce mercredi. Mais en ce qui concerne l'impression générale, les Jeux sont faits, et bien faits.

Voilà ce qui ressort du bilan dressé ce mardi en fin d'après-midi au siège du Comité international olympique, inauguré en juin dernier à Vidy. «Ces Jeux olympiques de la jeunesse sont un immense succès», s'enthousiasme le président de l'organisation, Thomas Bach. «Nous avons prouvé que des Jeux différents, innovants, par, pour et avec la jeunesse étaient possibles», ajoute le directeur du comité d'organisation, Ian Logan.

Des athlètes qui évoluent au plus haut niveau: JOJ: parce qu’on est jeunes et bons

La troisième édition des Jeux olympiques de la jeunesse dans leur version hivernale a mal commencé avec l'accident d'une patineuse artistique qui devait prendre part au spectacle inaugural. Deux semaines plus tard, cette terrible mésaventure restera comme l'une des rares ombres à un tableau général qui provoque une pâmoison unanime. D'aucuns craignaient des spectateurs clairsemés comme à Lillehammer en 2016? Ils furent nombreux lors de la plupart des épreuves, que ce soit par passion (patinage artistique, ski, biathlon en France voisine), curiosité (hockey 3 contre 3, short-track) ou opportunisme (patinage de vitesse à Saint-Moritz).

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Succès presque inespéré

Au total, plus de 640 000 personnes ont participé aux Jeux olympiques de la jeunesse. Les huit sites de compétition ont attiré 350 000 spectateurs, le festival «En Jeux!» a lui aussi fait le plein (200 000 visiteurs) et les cérémonies de remises de médailles ont été suivies par 2000 personnes en moyenne.

Cet accueil populaire presque inespéré compte beaucoup dans le ressenti des différents acteurs de l'événement. Les 1880 jeunes athlètes sont ravis d'avoir évolué devant une foule à laquelle ils ne sont pour la plupart pas (encore) habitués. Le comité d'organisation local y voit sa récompense après des années de travail. Et le CIO le perçoit comme la confirmation qu'il a visé juste avec son agenda 2020, adopté dès 2014 mais entièrement réalisé pour la première fois lors des JOJ lausannois. «En Europe, beaucoup de gens étaient sceptiques par rapport aux réformes annoncées. Ils se disaient: OK, ce n'est qu'une feuille de papier de plus. Maintenant, avec les JOJ de Buenos Aires puis ceux de Lausanne, nous avons montré que c'était beaucoup plus que cela», se réjouit Thomas Bach.

Délocalisation d'épreuves, nouvelles infrastructures justifiées par des besoins locaux dépassant le cadre de l'événement, utilisation massive des transports publics, vaste programme d'animations au cœur de la cité: après quelques jours déjà, tout le monde a compris que se jouait, ici et maintenant, une nouvelle partition olympique. Ceux qui seront appelés à l'interpréter à l'avenir ont donc tendu l'oreille attentivement.

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Paris 2024 en force

Des émissaires de Milan-Cortina d'Ampezzo 2026 ont fait le déplacement deux fois, pour être sûrs de ne rien manquer de ce dont ils pourraient s'inspirer. «Ils ont notamment adoré la place des médailles installée au centre-ville, où ce fut la fête tous les soirs, soulignait le directeur exécutif des Jeux olympiques, Christophe Dubi, dès la première semaine des JOJ. En Italie, il y aura quatre sites de compétition: Milan, Cortina, Bormio et le val di Fiemme. Les organisateurs avaient donc beaucoup à observer sur la manière de décentraliser un événement tout en conservant un contrôle global, ce que Lausanne 2020 a parfaitement réussi à faire.»

Et les Jeux olympiques d'hiver de Pékin, en 2022? Que doivent-ils retirer de l'exemple lausannois? «Pour le coup, il faut retenir le projet d'implication de la jeunesse locale comme cela a été fait ici, reprenait Christophe Dubi. Les JO doivent créer des opportunités, pas seulement pour les athlètes mais pour le plus de personnes possibles.»

C'est aussi un des enseignements que garderont en tête les responsables de Paris 2024, qui ont profité de la proximité de Lausanne et du contexte linguistique favorable pour vivre l'événement de l'intérieur. Le comité d'organisation français a envoyé une dizaine de ses employés en observateurs, et une douzaine sur le terrain, comme bénévoles. «Certains ont travaillé dans les transports, d'autres au Vortex ou encore dans le service aux spectateurs», détaille Jérémie Guy, notamment responsable du planning de Paris 2024.

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«Engager la population»

Il se dit inspiré par le succès des collaborations institutionnelles tissées dans le cadre de Lausanne 2020. «Impliquer des étudiants dans des projets aussi visibles que peuvent l'être les Jeux olympiques, c'est fantastique. Le travail effectué en collaboration avec les écoles l'est aussi. Je suis curieux d'en parler avec les responsables pour savoir si cela a été facile à mettre en oeuvre», reprend cet ancien collaborateur du CIO.

D'un bout à l'autre des JOJ, il a pour sa part oeuvré au Main Operation Center, «le cœur du réacteur», situé au Flon, à deux pas de la place des médailles et des nombreuses animations. «A Paris, nous avons la volonté d'engager toute la population et cela passe par la célébration. Nous souhaitons sortir une partie des JO des sites de compétition pour ramener la flamme en ville, et c'est exactement ce qu'a réussi Lausanne avec le festival En Jeux!»

Reste une dimension à ne pas sous-estimer: la différence d'échelle qui sépare les Jeux olympiques de la jeunesse des Jeux traditionnels. «Elle est colossale, valide Jérémie Guy. Cela implique aussi une plus grande complexité des dossiers à gérer. Mais les problématiques sont les mêmes.» Il est donc loin d'être impossible que l'esprit de Lausanne 2020 habite les prochaines éditions des Jeux olympiques.


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